èvistes devant une raffinerie Total, à Grandpuits, le 17 octobre 2010 (Photo : Francois Guillot) |
[18/10/2010 12:56:43] PARIS (AFP) Sauf enlisement et radicalisation, les grèves de ce mois d’octobre 2010 auront un impact négligeable sur la croissance même si leur effet sur le “bien-être” des Français, la marche des entreprises ou l’image de la France à l’étranger est bien réel.
Le grand mouvement de 1995 n’avait finalement amputé la croissance, au quatrième trimestre de cette année-là, que d’un modeste 0,2 point, selon l’Insee. “Ramené à la croissance annuelle de 1995, cela ne représentait plus que 0,05 point”, observe-t-on dans l’entourage de la ministre de l’Economie Christine Lagarde.
Les grèves de 95 contre le plan Juppé et sa réforme des retraites -déjà- avaient pourtant paralysé les transports publics pendant trois semaines, un mouvement sans précédent depuis mai 68 et sans aucune commune mesure, pour le moment au moins, avec celui qui touche la France aujourd’hui.
A Bercy, où l’influence du prix Nobel d’économie américain Joseph Stiglitz semble faire son chemin, on note toutefois que les effets d’une grève ne peuvent se résumer à leur seul impact sur la croissance de la production de biens et services.
Pour sa part, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) souligne le “coût indirect” du blocage des transports avec l’annulation de déplacements d’affaires, de contacts commerciaux ou de réservations dans l’hôtellerie et la restauration.
“On sait pertinemment que l’activité économique perdue dans une journée n’est jamais totalement rattrapée”, affirme Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, son secrétaire général, interrogé par l’AFP.
Pour Alexander Law, du cabinet d’études sectorielles Xerfi, “le coût de ce mouvement pourrait devenir important s’il se prolongeait”.
“Les entreprises ont l’habitude de lisser les sautes d’activité, avec les RTT par exemple, mais il ne faudrait pas que le conflit se durcisse; la période de Noël approche et la consommation des ménages représente 60% du PIB de la France”, relève-t-il.
Nicolas Bouzou (Astères) note l’impact négatif sur l’image de l’économie française dans la presse étrangère. “Ca renforce l’idée d’un pays dans lequel le dialogue social est peu développé”, observe-t-il. Au point de décourager les investisseurs étrangers? “Le risque existe”, assure l’économiste.
D’une manière générale, Nicolas Bouzou estime qu’un échec de la réforme des retraites serait “un mauvais signal pour la croissance française à long terme”.
La presse économique internationale est sur cette ligne. “The Economist”, hebdomadaire britannique aussi libéral qu’influent, consacrait sa Une début septembre à Nicolas Sarkozy, “L’incroyable président qui rétrécit”.
Commentant la manifestation du 7 septembre contre la réforme des retraites, le journal estimait qu’il en allait non seulement du maintien d’un régime de pensions “généreuses” mais de “la crédibilité de M. Sarkozy” et de “la capacité de la France à restaurer ses finances publiques”.
La réforme des retraites est “timide” au regard de ce qui est fait ailleurs en Europe, ajoutait The Economist, un avis que ne partagent certainement pas les millions de grévistes et de manifestants qui protestent contre elle.