à essence vide, à Lille, le 18 octobre 2010 (Photo : Denis Charlet) |
[18/10/2010 13:13:36] PARIS (AFP) Le nombre des stations-service en panne sèche, du fait du conflit sur la réforme des retraites, continue de croître et a poussé le gouvernement à activer lundi un centre interministériel de crise pour assurer “la pérennité du ravitaillement en carburant” dans l’Hexagone.
Le manque d’essence à la pompe affecte particulièrement le réseau de la grande distribution ainsi que les stations rurales.
L’activation lundi à 14H00 du centre interministériel de crise a été annoncée par le ministère de l’Intérieur après une réunion à l’Elysée, présidée par Nicolas Sarkozy, au cours de laquelle il a été “essentiellement” question “d’approvisionnement en carburant”, selon un des ministres y ayant pris part.
Ce centre “aura pour mission de coordonner l’action des différents services de l’Etat visant à assurer la pérennité du ravitaillement en carburant”, a indiqué la place Beauvau. Tous les ministères concernés, notamment l’Economie, l’Energie, l’Ecologie et l’Intérieur, y seront représentés.
Sur 4.800 stations gérées par Casino, Carrefour, Auchan, Cora, Leclerc et Intermarché, “il y en a quelque 1.500 en rupture d’un produit ou totalement à sec”, a déclaré à l’AFP Alexandre de Benoist, délégué général de l’Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP, grande distribution).
Michel-Edouard Leclerc a précisé sur BFM-radio qu’il y avait de “moins en moins d’essence” dans les stations de son groupe, et “qu’au rythme des approvisionnements actuels, il n’y en aura plus d’ici la fin de la semaine, sauf si l’on trouve d’ici là une issue à ce conflit”.
“Les dépôts de carburant sont pris en otage dans un conflit politique, on instrumentalise le carburant”, a-t-il dénoncé, évoquant une “partie de poker menteur”.
La grande distribution assure, en volume, 60% des ventes de carburant en France, contre 40% à l’Union française des industries pétrolières (Ufip) et aux indépendants, qui exploitent en revanche les deux tiers des 12.500 stations-service du pays.
La situation, “qu’il faut bien appeler pénurie”, est “extrêmement préoccupante”, ont affirmé lundi les distributeurs indépendants de la FF3C (Fédération française des combustibles, carburants et chauffage), dont de nombreuses stations sont situées en milieu rural.
L’Ufip a indiqué pour la première fois lundi que son réseau était touché avec “probablement plusieurs centaines de stations-service” en difficulté. “La situation est tendue, mais pas alarmante”, a toutefois tempéré son président Jean-Louis Schilansky.
Les difficultés d’approvisionnement affectent différemment les régions. Dans le réseau de la grande distribution, le nord de la France est mieux loti que l’Ouest, selon l’UIP.
“La Bretagne est dans une situation +très inquiétante+”, selon M. de Benoist. “Tous les dépôts de Bretagne rencontrent une difficulté actuellement. Soit ils sont bloqués de l’extérieur, soit ils sont en grève (…) ça provoque une vraie rupture d’approvisionnement sur les stations”.
Du côté des indépendants, “les régions les plus touchées sont ce lundi la Normandie, la Champagne, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées, Auvergne et Limousin”, selon la FF3C.
Si les blocages des dépôts se poursuivent, certains produits comme l’essence risquent de manquer à très court terme, en raison de l’absence de réseaux d’importation. La menace pèse aussi sur le fioul domestique avec l’arrivée du froid plus tôt que prévu, selon l’UIP.