Hausse d’impôts ou pas ? Querelle gouvernement/PS sur le budget 2011

photo_1287423843977-1-1.jpg
çois Baroin le 7 septembre 2010 à Paris (Photo : Lionel Bonaventure)

[18/10/2010 17:45:26] PARIS (AFP) François Baroin a promis une “baisse historique” du déficit de l’Etat en 2011, sans augmentation d’impôt, face à la gauche qui parle “d’une hausse brutale” de 10 milliards d’euros, à la charge des “classes moyennes et populaires”, lundi lors du lancement du marathon budgétaire.

“Il est absolument exclu d’augmenter les impôts. C’est l’un des engagements du président de la République en 2007”, a affirmé le ministre du Budget au premier jour de l’examen du projet de budget 2011 à l’Assemblée.

“L’augmentation des impôts nuirait à la reprise économique. Nous n’augmenterons ni l’impôt sur le revenu, ni l’impôt sur les sociétés, ni la TVA”, a-t-il martelé.

“En 2011, la réduction du déficit de l’Etat sera de 60 milliards d’euros (le déficit passant de 152 à 92 mds, NDLR), soit près de 40%. C’est une baisse d’historique”, a promis M. Baroin en mentionnant l’objectif prioritaire du budget (avec le déficit public qui doit passer de 7,7 à 6% du PIB).

“Nous tenons à rester indépendants des marchés financiers”, a-t-il argué.

“C’est une question de souveraineté nationale, parce qu’il en va de la crédibilité de la signature de notre pays et donc de sa capacité à honorer sa dette”, a renchéri la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.

Le rapporteur général du Budget, Gilles Carrez (UMP), a tiré la sonnette d’alarme sur l’endettement de la France (83% du PIB actuellement): “A 90% de dettes publiques, les frais financiers et les intérêts commencent à asphyxier le budget”.

Pour atteindre cet objectif de réduction des dépenses, le gouvernement mise sur la fin des dépenses exceptionnelles dues à la crise (le plan de relance), la baisse des dépenses de l’Etat et la réduction des niches fiscales, ce qui “n’a rien à voir avec une hausse d’impôt généralisée”, a répété M. Baroin.

“Prétendre que réduire les niches fiscales, ce n’est pas une hausse d’impôt, cela heurte le sens commun”, a ironisé le président PS de la commission des Finances Jérôme Cahuzac.

Le Premier ministre François Fillon avait lui aussi admis début octobre que le coup de rabot sur les niches fiscales (avantage fiscal) prévu dans le projet de budget 2011 revenait “bien sûr” à une augmentation d’impôts.

A l’unisson des autres députés PS, M. Cahuzac a égréné les autres hausses d’impôts, à ses yeux, prévues dans le projet de budget 2011: “augmentation de la TVA sur les offres internet +triple play+, taxes sur les contrats d’assurance maladie, baisse des avantages fiscaux pour les investissements dans le photo-voltaïques…”

Employant un autre mot qui fâche, M. Cahuzac a parlé de “rigueur” en évoquant le gel du salaire des fonctionnaires.

“Les Français payent la facture du sarkozysme”, a estimé l’orateur du PS Pierre-Alain Muet, pour qui “l’austérité sera supportée par les classes populaires et moyennes”. Selon lui, les impôts vont augmenter de 10 milliards.

Le PS propose comme chaque année la suppression du bouclier fiscal – mais pas de l’impôt sur la fortune.

M. Baroin a rappelé que le président avait “annoncé un débat sur la réforme de la fiscalité du patrimoine pour la fin du premier semestre 2011”.

Christine Lagarde s’est par ailleurs opposée à un amendement adopté à l’unanimité, et qui veut limiter le coût du Crédit impôt recherche (CIR) consenti aux entreprises.

Cet amendement, comme les autres, sera débattu après la fin de la discussion générale, à partir de mercredi.