La Grèce va se servir directement dans le tiroir-caisse le mieux garni du monde
–actuellement- pour refinancer sa dette. La largesse financière est en plus
accompagnée d’un «Plan Marshall» chinois. L’UE, prise au dépourvu, rit jaune.
Que peut donc cacher le «joker» chinois ?
La Grèce est encore sous la menace d’un risque de défaut. Quatre mois après la
rallonge avancée conjointement par l’UE, peu enthousiaste, et le
FMI, elle se
débat dans son impasse de trésorerie. Les déboires de ses finances publiques
étalées au grand jour, son plan d’austérité regardé avec scepticisme, un rating
sévèrement dégradé, rien d’étonnant à ce que les marchés lui fassent la vie
chère, la pénalisant par des taux élevés.
Dos au mur, elle se résigne à emprunter à court terme, à 90 jours et 180 jours
pour boucler ses fins de mois. Sans perspective pour 2011, la Grèce nageait dans
le flou. Mais voilà soudain que la Chine vient lui confirmer qu’elle achètera
ses émissions obligataires. Elle est tirée d’affaire. Cela la met à l’abri d’un
lâchage par les investisseurs institutionnels de l’UE et de l’Amérique, qui la
contraindraient à restructurer sa dette. Et qui plus est la Chine met aussi dans
le deal un pactole sous forme d’IDE avec un plan de renforcement des échanges
commerciaux.
Un «Plan Marshall» chinois, clé en mains
La Grèce a trouvé chaussure à son pied. L’ami chinois lui apporte ses précieux
concours. La voilà qui revient de loin. Sa situation était terriblement
critique. Un déficit budgétaire voisin de 13% du
PIB selon les chiffres de la BM,
et de la BRI ainsi qu’un stock de dette publique émise par Athènes d’un montant
de 220 milliards d’euros, ce qui représente 115% du PIB alors que le Pacte de
Stabilité exigeait des proportions respectivement de 3% et de 60%, on est loin
du compte. Par ailleurs, la dette globale était de durée assez courte soit à 10
ans, ce qui donnait des tombées de remboursement assez élevées. Pour la seule
année 2010, le pays devait emprunter, pour se refinancer, la somme de 53
milliards d’euros, une somme ! Ajouter que dans ce contexte l’évasion fiscale
est à son plein du fait d’une économie souterraine répandue et avec un plan
d’austérité rigoureux qui met à mal la stabilité sociale du pays.
Dans ce contexte, arrive la Chine, délie sa Bourse et c’est l’embellie. Alors,
elle débarrasse la Grèce de ses soucis de refinancement et en plus signe pour
une série de contrats de plusieurs centaines de millions de dollars dans des
secteurs structurants, telles la construction navale et la logistique portuaire
et terrestre.
De plus, elle s’engage à acheter des cargos pour 8 milliards d’euros et entend
participer au trafic maritime de marchandises qui est un secteur de pointe en
Grèce avec des objectifs de le remettre à flots.
Au final, la Chine renfloue le pays mais aussi lui apporte un ressort de
croissance, ce qui, à terme, augure d’une amélioration de ses finances
publiques. Mais ce qui est nouveau ici, c’est que la Toute puissante industrie
chinoise accepte de s’équiper auprès des entreprises grecques, et c’est là une
générosité marchande qui inquiète les puissances industrielles européennes.
Un «Cheval de Troie» dans l’économie européenne?
On peut, à l’instar des marchés, voir ce tableau d’un côté négatif en se disant
que le pays où est né le corpus originel de la rationalité budgétaire, initiée
par le souci du bon équilibre des dépenses ménagères, n’a pas su tenir son rang
et a versé dans les tribulations au niveau des finances publiques. Tout comme il
est permis de positiver en se disant que la patrie de Confucius, le sage, a volé
au secours du pays de Platon, le penseur philosophe.
Dans l’initiative chinoise, il y a à prendre et à laisser. La Chine est encore
toute fière d’afficher un excédent commercial au troisième trimestre de l’année
en cours d’un montant de 65 milliards de dollars ! Mais, disent les Européens,
c’est bien la preuve de la sous-évaluation de sa monnaie, le yuan. A aucun
moment ils n’y voient une possibilité de diversification des réserves chinoises
pour une tirelire qui totalise à l’heure actuelle 2.650 milliards de dollars.
Et, d’ailleurs, l’on se demande pourquoi.
Plus encore à en croire le ola de l’Allemagne qui criait «la Chine ou la mort»,
les prises de participation industrielles chinoises augurent d’une mainmise
rampante de la Chine sur l’industrie européenne dont elle pourrait orchestrer le
naufrage à terme par des délocalisations. Par conséquent, en UE on penserait
tout bas que la Chine accepte de dévaluer sa monnaie donc de sacrifier de la
valeur pour se donner les réserves financières qui lui permettent d’infiltrer
l’industrie européenne pour la contrôler.
La Grèce aurait-elle été à l’origine d’un Cheval de Troie, redoutable ?
L’histoire se referait en sens inverse ? Wait and see !