La Banque mondiale met en garde contre une envolée des monnaies asiatiques

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à Bangkok le 14 octobre 2010. (Photo : Christophe Archambault)

[19/10/2010 06:46:31] TOKYO (AFP) La Banque mondiale a tiré mardi la sonnette d’alarme sur la hausse des monnaies des pays asiatiques qui pourrait menacer leurs exportations et entraver à terme la croissance mondiale.

“Des afflux massifs de capitaux ont provoqué une forte montée des devises” en Asie, a expliqué l’institution dans un rapport sur les économies d’Asie orientale (hors Japon et Corée du Sud).

Provoqué par la faiblesse des taux d’intérêt dans les pays développés et par la confiance des investisseurs dans les économies asiatiques, ce flot d’argent est le principal responsable d’une montée “de 10 à 15% de la valeur des monnaies de la région par rapport à leur niveau d’avant la crise”, selon la Banque.

Parmi les devises asiatiques, elle note toutefois que le yuan chinois a progressé “modestement”, d’environ 4% par rapport aux monnaies de ses partenaires commerciaux depuis le début 2010.

Les Etats-Unis accusent la Chine d’entraver la montée du yuan et certains craignent une “guerre des monnaies” à échelle mondiale, où chaque pays tenterait d’affaiblir sa devise pour doper la compétitivité de ses entreprises.

Les taux de change figureront en bonne place au menu des réunions des pays industrialisés et émergents du G20, vendredi et samedi à Gyeongju (Corée du Sud), puis les 11 et 12 novembre à Séoul.

Les exportations de l’Asie orientale restent pour l’instant “vigoureuses”, a relevé la Banque, “mais une poursuite de l’appréciation de leurs monnaies pourrait ralentir leur croissance”, ce qui affecterait la reprise mondiale.

Les pays d’Asie du Sud-Est et la Chine constituent en effet la locomotive de l’économie planétaire, avec une croissance de 8,9% attendue en 2010 et la Banque rappelle que la région est devenue la principale consommatrice d’automobiles, d’écrans plats de télévisions et de vins de Bordeaux.

L’institution internationale a donc appelé les Etats de la région à coordonner leur réponse.

Lorsque une monnaie se renchérit, “ses banques ont tendance à emprunter à l’étranger, ce qui peut entraîner la création de bulles et des décisions d’investissement peu sages”, s’est inquiété Vikram Nehru, l’économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Asie orientale.