Les entreprises commencent à ressentir l’impact de la pénurie de carburant

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à sec dans une station service marseillaise, le 18 octobre 2010 (Photo : Gerard Julien)

[19/10/2010 10:05:51] PARIS (AFP) L’impact de la pénurie de carburant liée aux grèves contre la réforme des retraites commence à se faire sentir sur les entreprises, alors qu’une station-service sur cinq en France est en rupture de stock et que l’approvisionnement restait “difficile” mardi.

La présidente du Medef, Laurence Parisot, s’est dite mardi matin “très inquiète et sensible de ce qui peut se passer pour des petites entreprises qu’un rien peut fragiliser”.

“Quand nous avons des enjeux de compétitivité à l’intérieur de l’Europe ou face au reste du monde, nous ne pouvons pas longtemps nous permettre de grandes perturbations”, a-t-elle martelé.

“Je lance un cri d’alarme, parce qu’on n’a pas les moyens aujourd’hui, après la crise économique que nous venons de vivre (…), de pouvoir supporter des grèves qui durent longtemps”, a renchéri le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) Jean-François Roubaud.

Il est “encore top tôt” pour établir un bilan chiffré des pertes pour les entreprises, estime la CGPME, mais d’ores et déjà, les sociétés sont confrontées à trois types de problèmes.

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çois Roubaud, président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), le 15 juin 2010 à Paris (Photo : Eric Piermont)

D’une part, “le personnel commence à avoir du mal à arriver sur le lieu du travail, c’est un problème immédiat” surtout “dans les zones où les gens arrivent en voiture”, a expliqué à l’AFP le secrétaire général de l’organisation patronale, Jean-Eudes du Mesnil du Buisson.

D’autre part, les restaurants, les hôtels, les commerces de détail ou les services de loisirs “subissent des conséquences immédiates quand il y a un ralentissement de l’activité”, a-t-il ajouté.

Surtout, la CGPME met en garde contre le risque d’avoir, “d’ici la semaine prochaine”, “un ralentissement ou des arrêts de production” dans le cas d’une poursuite, voire d’une amplification de la pénurie de carburant.

“De plus en plus de sociétés travaillent avec des stocks limités et ne se réapprovisionnent qu’au fur et à mesure”, a expliqué son secrétaire général.

Même son de cloche au Medef, où Mme Parisot a évoqué “des perturbations sensibles” dans le bâtiment, les travaux publics ou encore la chimie.

Les grèves dans les raffineries et les blocages de dépôts de carburant, dans le cadre du mouvement syndical contre la réforme des retraites, ont provoqué la pénurie dans 2.500 des 12.500 stations-service du pays, selon des informations recueillies lundi soir par l’AFP auprès des distributeurs.

La Normandie et l’ouest de la France sont particulièrement touchés.

La situation ne semblait pas s’améliorer mardi, journée de mobilisation nationale contre la réforme gouvernementale. Selon l’Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP), l’approvisionnement en carburant restait “difficile” dans les grandes surfaces (Carrefour, Casino, Auchan, Leclerc, etc.), qui comptent à elles seules toujours plus d’un millier de stations-service fermées.

Dans ce contexte, les transporteurs routiers commencent à craindre pour leur activité.

“La fin de semaine va être très difficile”, a ainsi averti le délégué général de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) Jean-Paul Deneuville, demandant au gouvernement de “débloquer les dépôts”.

Selon la principale fédération des transporteurs routiers français, environ 90 des 250 pompes dédiées aux routiers étaient à sec lundi soir.

Certaines entreprises, qui n’ont pas de cuve de gasoil, “ne peuvent déjà plus transporter” des marchandises, a assuré de son côté l’OTRE, organisation patronale représentant les TPE et PME du secteur.

“Sans camions”, a insisté Jean-Paul Deneuville, “il y a un risque de paralysie de l’économie”.