à Stuttgart (Photo : Thomas Kienzle) |
[19/10/2010 11:08:09] STUTTGART (AFP) Le numéro un européen de l’automobile Volkswagen, en cours de rachat de Porsche, semble tombé sur un os: des plaintes de fonds s’estimant floués par le spécialiste des bolides de luxe menacent de retarder l’opération, prévue initialement pour 2011.
“Nous ne pouvons pas exclure que les procédures puissent prendre un moment jusqu’à ce qu’un jugement définitif soit rendu. Pour cette raison, il pourrait y avoir un retard dans la fusion prévue”, a reconnu mardi le patron des deux groupes, Martin Winterkorn.
Aux péripéties judiciaires léguées par Porsche s’ajoutent les procédures fiscales et légales de la fusion, qui ont aussi pris du retard, a-t-il ajouté, soulignant que le principe du rapprochement des groupes n’était toutefois pas remis en cause.
C’est la première fois que les deux constructeurs évoquent un possible retard dans ce processus qui devait être bouclé en 2011, sans en préciser l’ampleur ni le coût éventuel.
Volkswagen veut faire de Porsche la dixième marque de son empire – qui va déjà de Lamborghini à Skoda en passant par Audi -, dégager des économies d’échelle et profiter des très juteux rendements de la firme de Stuttgart (sud).
VW a en fait déjà entamé le rachat de Porsche, à l’issue d’une bataille épique entre les deux groupes allemands, qui a laissé Porsche exsangue et dont une trentaine de fonds d’investissement, détenteurs d’actions Volkswagen, s’estiment victimes.
Ils réclament environ 2 milliards de dollars de dommages et intérêts, arguant d’une manipulation du cours de Volkswagen par Porsche durant cette période.
Ce dernier avait révélé en octobre 2008, à la surprise générale, posséder 75% du capital de Volkswagen. L’action VW avait crevé tous les plafonds, atteignant 1.000 euros et causant de lourdes pertes à ceux qui pariaient sur une baisse. Mardi le titre Volkswagen valait 92,37 euros à la Bourse de Francfort à 10H42 GMT.
Une enquête est en cours aux Etats-Unis et un tribunal américain doit dire en janvier prochain si les plaintes des fonds sont recevables.
Porsche de son côté les considère comme infondées, et a refusé de prendre part à une médiation en Allemagne sur le même sujet.
Pour autant, la fusion de Porsche et de Volkswagen, qui ambitionne de devenir numéro un mondial devant le japonais Toyota, ne capotera pas, a martelé M. Winterkorn.
“Permettez-moi de le dire clairement: le groupe automobile intégré se fera”, a-t-il assuré, au besoin en modifiant le montage financier et en conservant la holding Porsche SE au lieu de la fusionner avec Volkswagen.
Les actionnaires des deux groupes, dont les familles Piëch et Porsche, grands noms historiques de l’automobile allemande, soutiennent le plan original de fusion, a ajouté Hans Dieter Pötsch, le directeur financier de Porsche.
Quelques détails sur les étapes suivantes ont d’ailleurs été dévoilés mardi. Après l’augmentation de capital de Volkswagen, qui lui a rapporté 4,1 milliards d’euros au printemps, c’est au tour de Porsche de lever des fonds.
Les actionnaires voteront le 30 novembre une augmentation de capital devant rapporter 5 milliards d’euros, prévue pour le premier semestre 2011, et qui permettra au constructeur d’éponger une partie de sa dette.
Porsche avait dans un premier temps tenté de s’emparer de Volkswagen, s’endettant massivement, avant que son plan ne rate et qu’il ne doive être lui-même sauvé de la faillite par la firme de Wolfsburg (nord). Celle-ci a depuis racheté 49,9% de ses activités automobiles, et veut l’ingérer totalement.