Deux semaines à peine après l’avoir été à l’initiative du ministère des Technologies de la Communication, les trois opérateurs télécom ont été réunis de nouveau pour un débat courtois et franc à la fois par l’Association des Tunisiens des Grandes Ecoles (ATUGE). Ce face-face, animé par Sami Zaoui, président de cette organisation, créée il y a vingt ans, fut assez pimenté, puisqu’il n’a pas manqué de quelques piques suaves.
Bien qu’ils se soient abstenus –comme l’a annoncé d’entrée de jeu Thierry Marigny, directeur général d’Orange Tunisie– de tout dire, les patrons des trois opérateurs en ont suffisamment révélé à propos de leurs projets et stratégies pour être suffisamment éclairés à ce sujet.
Arrivé en Tunisie en avril 2010, Orange Tunisie déploie son action sur deux axes en particulier : ADSL haut débit et mobile, pour des raisons totalement opposées.
Cette joint-venture franco-tunisienne s’active sur le premier plan car, explique son directeur général, le taux de pénétration n’y est «pas encore élevé» et parce que cet opérateur entend, pour s’y imposer –en amenant en Tunisie le triple et quadruple play «à des prix compétitifs»-, tirer profit de l’expérience d’Orange France.
Thierry Marigny trouve par contre «le challenge plus difficile» sur le mobile parce que «le taux de pénétration est très élevé –on parle de 100%». C’est pour cette raison que, pour avoir une place sur ce marché, «il va falloir amener de la qualité, du contenu et du service». Et ce qui semble rassurer le patron d’Orange Tunisie sur la capacité de son entreprise à s’imposer c’est le fait que, selon lui, «on est face à deux opérateurs qui ont oublié la compétition». On peut compter sur lui pour essayer d’être «un peu le poil à gratter».
Et Tunisiana, leader sur le mobile, comment entend-il «protéger sa part de marché ?». Yves Gauthier, directeur général du premier concurrent que Tunisie Telecom ait eu à affronter, rappelle qu’aux Etats-Unis on dit qu’«on perd un client pour la même raison pour laquelle on l’a gagné. Si on l’a gagné pour un T-shirt, on le perd pour deux». Conclusion, pour se maintenir, Tunisiana doit rester «à un niveau de service égal voir supérieur à celui des autres. Celui qui sera le plus réactif et aura les meilleurs services sera leader».
Mais comment l’opérateur historique gère-t-il «cette situation avec une concurrence venant de tous les côtés ?». Selon Fadhel Kraiem, directeur général adjoint, Tunisie Telecom s’est doté depuis quelques années d’une stratégie de transformation «pour avoir une vision claire à moyen et long terme que l’arrivée du 3ème opérateur peut un peu perturber». Cette vision tient en quatre points : simplicité et proximité avec le client, développement du haut débit, développer les services à valeur ajoutée pour que Tunisie Telecom soit plus qu’un simple «opérateur de tuyaux», ainsi que les services aux entreprises qui sont «en croissance continue».