La pénurie de carburants ne sera pas terminée pour les vacances de Toussaint

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Un automobiliste remplit des jerricans au Bizet, dans le Nord, le 20 octobre 2010 (Photo : Philippe Huguen)

[20/10/2010 13:17:34] PARIS (AFP) Le branle-bas de combat décrété à l’Elysée pour enrayer la pénurie de carburants, qui affecte une station sur trois et pèse sur l’activité du pays, ne suffira pas à résoudre la crise de l’approvisionnement des pompes à essence avant le début vendredi des vacances de Toussaint.

A deux jours des congés, la situation était stable mercredi, avec toujours un tiers des 12.500 stations-service du territoire en rupture totale ou partielle d’approvionnement, selon l’ensemble des distributeurs.

De premiers effets commencent à se faire sentir sur le tourisme, où peu d’annulations ont été enregistrées mais où les professionnels pointent un ralentissement des réservations.

Le président Nicolas Sarkozy a ordonné le déblocage de “la totalité des dépôts” de carburants “afin de rétablir au plus tôt une situation normale” mais les accès à certains ont été rebloqués mercredi par des manifestants opposés à la réforme des retraites, comme à Donges (Loire-Atlantique).

Le Premier ministre François Fillon a lui-même parlé mardi de “quatre à cinq jours” pour régler la situation.

“Plusieurs jours seront nécessaires pour revenir à une situation normale”, a résumé mercredi Jean-Paul Deneuville, délégué général de la Fédération nationale des transports routiers. Il a évoqué avec prudence un délai d’au moins “48 à 72 heures”.

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épôt pétrolier de Fos-sur-mer, le 20 octobre 2010 (Photo : Gerard Julien)

Pour cela, il faut une “véritable accessibilité des dépôts” et une “optimisation des moyens de transport existants et suffisants”, c’est-à-dire que les camions puissent rouler et réapprovisionner les pompes, a-t-il expliqué à l’AFP.

Les distributeurs de carburants dressent le même constat. Frédéric Plan, porte-parole des indépendants de la FF3C (Fédération française des combustibles, carburants et chauffage) pointe la difficulté posée par “des embouteillages aux centres de stockage”. “Il y a aussi des dépôts qui n’ont pratiquement plus de produit: le réapprovisionnement de ces dépôts reste un problème”, souligne-t-il.

Selon la FF3C, quatre régions sont très touchées: Normandie, Champagne-Ardennes, Ile-de-France et Picardie.

Les enseignes de la grande distribution (Carrefour, Casino, Auchan, Leclerc, etc), qui exploitent 4.800 stations-service et pèsent en volume pour 60% des ventes de carburant dans l’Hexagone, se veulent moins alarmistes que ces derniers jours.

“Les mesures prises mardi doivent améliorer la situation. On travaille avec ce plan. On n’est pas inquiet mais on est attentif à rétablir les systèmes d’approvisionnement”, a affirmé Alexandre de Benoist, le délégué général de l’Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP) qui les représente.

“C’est vrai que les vacances arrivent et, forcément, il va y avoir une pression”, reconnaît-t-il toutefois.

Signe d’une inquiétude persistante, le secteur du tourisme a noté de son côté un ralentissement des réservations.

“Si on était en forte croissance depuis début septembre, d’environ 15%, depuis trois ou quatre jours, cette croissance stagne”, explique à l’AFP le PDG du tour-opérateur Voyageurs du monde, Jean-François Rial. “Les clients qui doivent partir partent. Le problème vient plus des clients qui s’inscrivent pour plus tard. Ils sont attentistes”, ajoute-t-il.

Chez Odalys, numéro deux de l’hébergement touristique en France, “un ralentissement des prises de commandes est observé également depuis dimanche”, explique son porte-parole Raphaël Sallerin.

La société ne constate pas d’annulation pour l’instant mais reçoit beaucoup d’appels de clients inquiets de savoir ce qui se passera en cas de durcissement du conflit. De même chez Gites de France où une petite baisse des réservations de dernière minute a été notée, précise une porte-parole.