Balayés Facebook etTwitter : MXit s’impose auprès des ados d’Afrique du Sud

photo_1287641871578-1-1.jpg
étudiants utilisent leur téléphone portable, le 20 Octobre 2010, à l’Université de Witwatersrand à Johannesburg. (Photo : Stephane de Sakutin)

[21/10/2010 06:23:01] JOHANNESBURG (AFP) Profs en grève à quelques jours des examens ? Qu’à cela ne tienne ! En septembre des bénévoles sont venus en aide aux étudiants sud-africains via MXit, le plus important réseau social du pays, qui permet d’échanger des mini-messages par téléphone portable.

En Afrique du Sud, ce service de messagerie instantanée et de “chats”, créé par un informaticien d’origine namibienne, Herman Heunus, et bien moins cher que les SMS (textos), a supplanté les stars mondiales Facebook ou Twitter.

Depuis son lancement en 2003, l’entreprise MXit Lifestyles a conquis 27 millions d’abonnés dans le monde, en très grande majorité parmi les jeunes, et continue à gagner 40.000 clients par jour.

Par comparaison, seuls trois des 48 millions de Sud-Africains ont un profil sur le site internet Facebook (qui a pourtant conquis un demi-milliard de personnes dans le monde).

La force de MXit est d’utiliser le téléphone portable plutôt que l’internet. En Afrique du Sud, près de 40 millions de personnes ont un portable mais seuls 5,5 millions sont internautes, les ordinateurs étant un luxe inaccessible pour la grande majorité de la population.

“Les gens voient que nous sommes une application facile pour des téléphones bas-de-gamme et plus simples à utiliser que Facebook ou Twitter”, confirme le porte-parole de MXit, Juan du Toit.

photo_1287641924658-1-1.jpg
étudiante utilise son téléphone portable, le 20 Octobre 2010, à l’Université de Witwatersrand à Johannesburg. (Photo : Stephane de Sakutin)

Et, comparé aux textos classiques des opérateurs de téléphonie mobile, les messages de MXit ne coûtent quasiment rien.

“C’est un centime par message, je crois”, explique Michillay Brown, 19 ans, contre 75 centimes pour un SMS. “C’est pour ça que la plupart des gens sont sur MXit. Ca permet de chatter avec les amis gratuitement, ou presque.”

MXit pourrait donc être l’avenir des réseaux sociaux dans les pays en développement, à commencer par ceux d’Afrique et leurs 376 millions d’utilisateurs de téléphone portable.

L’entreprise l’a bien compris et commence à s’exporter. Disponible dans quasiment tous les pays du monde, elle a percé au Kenya ou en Indonésie, où elle a déjà 2,5 millions d’abonnés.

Seule limite: le service fonctionne via des services d’accès à internet 3G ou GPRS, qui ne sont pas disponibles dans de larges parties du globe.

Et, comme tout nouveau produit, le réseau social inquiète les parents qui ne contrôlent pas les contacts de leurs enfants.

Leurs peurs ont été alimentées en juillet par le viol d’une adolescente de 15 ans attirée à un rendez-vous avec un homme qu’elle avait rencontré en chattant sur MXit.

“Il y a cette peur de l’inconnue: en tant que parents, nous ne savons pas ce qui se passe sur MXit et notre réaction naturelle est de vouloir le stopper”, explique Wallace Chigona, professeur en technologies de communication à l’Université du Cap.

Mais pour lui, toute tentative des adultes sera vaine, MXit faisant désormais “partie de l’identité des jeunes”. “Il y a une grosse pression du groupe pour s’abonner, dit-il. Certains ados achètent même des portables juste pour se mettre sur MXit.”