ûtant des olives lors du salon de l’alimentation à Villepinte, près de Paris, le 17 octobre 2010 (Photo : Bertrand Langlois) |
[21/10/2010 07:41:28] VILLEPINTE (Seine-Saint-Denis) (AFP) Après une forte chute de ses exportations en 2009, le secteur agroalimentaire, qui s’était donné rendez-vous cette semaine au salon de l’alimentation à Villepinte pour débattre de son avenir, mobilise ses troupes pour tenter de retrouver sa place de leader.
L’an dernier, la France a rétrogradé à la 4ème place des exportateurs mondiaux, une vraie dégringolade alors qu’au début des années 2000, elle occupait la plus haute marche du podium.
La France figure désormais derrière l’Allemagne, les Pays-Bas et les Etats-Unis. C’est surtout l’Allemagne qui a grignoté des parts de marché, grâce à la compétitivité de ses entreprises. En 2009, les produits laitiers allemands ont ainsi envahi le marché français en raison du prix du lait moins élevé outre-Rhin. La Chine est également de plus en plus présente.
Invité à lancer les débats organisés par l’association nationale des industries alimentaires (Ania), le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire a réaffirmé l’aspect “stratégique” du secteur pour la France.
L’agroalimentaire, malgré un chiffre d’affaires de 139 milliards d’euros en baisse de 8% en 2009 par rapport à l’année précédente, reste la première industrie. Le secteur demeure également, avec des effectifs stables, le deuxième employeur français (400.000 salariés). C’est aussi un des rares secteurs à générer un excédent commercial, même si celui-ci a baissé de 30% à 5 milliards d’euros en 2009 par rapport à 2008.
“La France doit retrouver son statut de premier exportateur mondial”, a lancé une nouvelle fois M. Le Maire devant un parterre de dirigeants de l’agroalimentaire qu’il a appelés “à jouer collectif” en créant un seul et même label France.
“En France, nous avons une image de marque qui vaut de l’or partout dans le monde mais nous ne l’utilisons pas”, a-t-il regretté.
Marqué par la crise et la baisse du pouvoir d’achat, l’agroalimentaire a fait “le gros dos pour laisser passer la vague”, a reconnu Jean-René Buisson, président de l’Ania. Mais il est temps de “passer à l’offensive”, d'”aller chercher la croissance” à l’international.
Une vraie révolution dans un secteur composé pour l’essentiel (97%) de PME. Sur les 10.000 entreprises que compte l’agroalimentaire, seuls 20% exportent.
Une étude de l’Ania, présentée mercredi, montre que le développement à l’international est loin d’être une priorité dans ce secteur où les majors comme Danone ou Lactalis sont peu nombreuses.
“Il y a eu beaucoup de bouleversements depuis la crise, il faut adopter des stratégies de rupture, oser la croissance, se regrouper pour se lancer sur de nouveaux marchés, ne pas avoir peur d’ouvrir son capital pour exporter, innover”, lance Virginie Guérin, responsable des affaires économiques à l’Ania.
“Beaucoup de PME restent cantonnées au marché hexagonal alors que ce n’est pas là que se fait la croissance”, regrette Diane Doré, chef de projet échanges extérieurs à l’Ania.
Un site (www.ania-export.fr) sera mis en ligne à la mi-novembre pour aider les sociétés à mutualiser leurs coûts pour prospecter à l’international.
Sur un marché comme le Japon, par exemple, “nous sommes en retard par rapport aux Italiens, Danois et Espagnols qui font la course en tête”, reconnait Robert Volut, président de la fédération française des industriels charcutiers-traiteurs (FICT).
D’autres entreprises du secteur ont en revanche réussi le pari. Ginette Hénaff a ainsi raconté comment elle s’est lancée il y a une trentaine d’années dans l’exportation de ses pâtés en conserve à Hong Kong et en Australie.