Le G20 cherche une trêve dans la “guerre des monnaies”

photo_1287665676176-1-1.jpg
écurité devant l’hôtel où doivent se réunir les ministres des Finances du G20, le 21 octobre 2010 à Gyeongju en Corée du Sud (Photo : Lee Hoon-Koo)

[21/10/2010 12:55:04] GYEONGJU (Corée du Sud) (AFP) Les ministres des Finances du G20, qui se retrouvent vendredi et samedi en Corée du Sud, vont s’efforcer de trouver une trêve à la “guerre des monnaies”, selon un projet de communiqué devant être publié à la fin de la réunion.

Selon l’agence d’informations économiques Dow Jones, ce projet de déclaration suggère que les pays riches et émergents du G20 s’engagent à “s’abstenir de toute dévaluation compétitive”, une stratégie consistant à manipuler le cours de sa monnaie pour stimuler son économie en faisant fi de la coopération internationale.

Le G20 “va se diriger vers un système de taux de changes davantage déterminés par le marché”, dit le projet de communiqué. Ce dernier reprend ainsi une expression américaine souvent utilisée et destinée à décourager les pays à intervenir sur les marchés des changes pour affaiblir leur monnaie et favoriser leurs exportations.

La Chine, qui n’est pas nommément désignée, est de plus en plus pressée par ses partenaires commerciaux, Etats-Unis en tête, de laisser s’apprécier sa monnaie par rapport au dollar, plus rapidement qu’elle ne le fait.

Ce projet de communiqué affirme également que le G20 souhaite “minimiser les effets adverses d’une volatilité excessive et de mouvements désordonnés dans les taux de changes”, reflétant ainsi les préoccupations des pays asiatiques et autres nations tournées vers l’exportation, à propos de la forte hausse de leur monnaie ces dernières semaines.

La déclaration finale pourrait cependant différer grandement de cette ébauche de communiqué. La réunion des grands argentiers du G20 sera précédée d’une réunion des ministres des Finances du G7, a-t-on également précisé jeudi de source européenne.

Ces réunions, qui auront lieu à Gyeongju, dans le Sud de la Corée, doivent préparer un sommet des dirigeants du G20 prévu à Séoul les 11 et 12 novembre, censé apporter des solutions à la régulation du système financier, mais qui risque d’être dominé par les questions de change et notamment la valeur du yuan.

La ministre française de l’Economie Christine Lagarde a déclaré jeudi qu’elle plaiderait ce week-end en faveur d’une “meilleure coordination” sur le marché des changes. “Nous souhaitons la stabilité, le moins de volatilité possible et un meilleur équilibre, évidemment”, a-t-elle affirmé devant la presse.

Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner poussera pour sa part ses homologues du G20 à “rééquilibrer” l’économie mondiale en tenant moins compte de la consommation américaine et proposera des règles “équitables” pour les changes.

Cette réunion est une occasion d’inciter “nos partenaires à mettre un peu plus de chair sur le squelette des engagements au rééquilibrage”, a-t-il expliqué dans un entretien paru jeudi dans le Wall Street Journal.

Se faisant le porte-parole des pays victimes d’une appréciation de leur monnaie en raison d’un afflux de capitaux étrangers, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a plaidé de son côté pour une solution “définitive” à cette “guerre des monnaies”. L’expression a été lancée fin septembre par le ministre brésilien des Finances Guido Mantega, qui sera toutefois absent ce week-end en Corée du Sud.

“Il est très important de rappeler que le problème n’est pas le Brésil. Le problème est que toutes les monnaies sont surévaluées face au dollar parce que les Etats-Unis doivent trouver la façon de relancer leur économie” après la crise, a souligné le chef de l’Etat brésilien. Le Brésil a mis en place une taxe à l’entrée des capitaux étrangers dans l’espoir d’enrayer la hausse régulière du real, qui pénalise fortement ses exportations.

Le G20 va “travailler à gérer de manière plus efficace les arrivées de capitaux volatils et rapides vers les pays émergents”, indique sur ce point le projet de communiqué final à la réunion de Gyeongju.

Le Groupe des Vingt rassemble dix-neuf pays riches et émergents et l’Union européenne.