Dans l’interview ci-dessous, Khalil Attia, président directeur général de l’Office national d’assainissement (ONAS), nous fait part des réalisations de l’ONAS durant les 18 derniers mois. Et par moment, il a fait allusion aux efforts fournis par son entreprise au cours des 20 dernières années, qui sont certes importants mais M. Attia est conscient qu’il en faut davantage (voir en-dessous).
Il s’avère également que l’ONAS est déjà confronté à des problèmes de «deuxième et troisième génération», notamment celui de se débarrasser des déchets générés par les stations d’épuration et transformer les gaz dégagés en énergie propre.
A tout cela il faudrait signaler le montant dérisoire consacré à la recherche scientifique en comparaison au budget total de l’ONAS. Mais ce qui interpelle le plus, c’est sans aucun doute l’absence de tous commentaires de la part du PDG sur la catastrophe écologique qui sévit sur les cotes nord-est du pays, notamment le lac de Menzel Jemil du fait des rejets des eaux usées, et ce en dépit des instructions présidentielles qui datent déjà de plusieurs années.
Webmanagercenter : Que répondez-vous à ceux qui prétendent qu’il y a détérioration de la qualité des services de l’ONAS à cause de sa politique de privatisation de certaines de ses missions telle que la gestion des stations?
Khalil Attia : D’abord, l’ONAS exploite les infrastructures d’assainissement dans les villes qu’il a prises en charge par ses propres moyens dans 85% des cas. Notre démarche s’inscrit dans un souci d’une répartition judicieuse entre public et privé et de mise à profit de la complémentarité entre les deux secteurs, notamment là où le secteur privé peut présenter un avantage comparatif.
Mais je dois préciser que la politique adoptée par l’ONAS, c’est la sous-traitance des services d’exploitation plutôt que la privatisation. En effet, l’ONAS reste le seul interlocuteur direct vis-à-vis du citoyen, et de ce fait, il assure le suivi et le contrôle permanant des prestations confiées aux sociétés privées à travers des équipes désignées dans chaque zone de délégation. Les prestations confiées à celles-ci font l’objet de contrat avec des exigences garantissant l’atteinte des indicateurs de performance fixés par l’ONAS.
Compte tenu de la flexibilité et de la souplesse qui caractérisent le secteur privé, l’exploitant privé a un temps de réponse plus rapide en matière d’intervention pour la réparation ou d’acquisition de pièces de rechange ou encore de maintenance et remplacement des équipements.
Concernant la qualité de service, il a été constaté sur la base des évaluations effectuées que celle-ci a enregistré une amélioration appréciable qui s’est traduite par la baisse des réclamations des citoyens due essentiellement à une meilleure fréquence de curage et d’entretien des infrastructures d’assainissement. En effet, le taux de curage moyen des réseaux, grâce à l’apport des sociétés privées, est passé de 60 à 80%, durant ces dernières années.
Il y a quelques années, l’ONAS devait ériger des stations pour stopper les rejets des eaux usées dans le lac de Menzel Jemil et vers le littoral est du gouvernorat de Bizerte. Pourquoi la station de Ousja a pris un tel retard et comment justifier la pollution du lac de Menzel Jemil qui perdure?
La station d’épuration de Ousja achevée depuis 2008 n’a pas été mise en service jusqu’à ce jour à cause d’un retard d’exécution des travaux du système de transfert des eaux usées de Ras Jebel, Raf Raf et El Alia vers la station d’épuration de Ousja.
Ce système est constitué de trois stations de pompage principales et d’environ 40 Km de conduites. Les travaux y afférents, démarrés en août 2006, ont été arrêtés en décembre 2007. Le marché a été résilié en date du 28 novembre 2007 suite à la défaillance de l’entreprise en charge des travaux et un nouvel appel d’offres a été lancé. Un nouveau contrat est signé avec une nouvelle entreprise et les travaux reprendront incessamment pour une durée de 14 mois.
Toutefois, la station d’épuration de Ousja pourra être mise en service dès l’achèvement des travaux du système de transfert des eaux usées des villes de Ousja et Ghar El Melh, prévu pour la fin du mois d’octobre 2010, sans attendre l’achèvement des travaux de réalisation du système de transfert des villes de Ras Jebel, Raf Raf et El Alia qui seront achevés dans 14 mois.
Sachant que le système de rejet des eaux épurées dans l’ancien lit de l’Oued Medjerda a dû être prolongé de plusieurs kilomètres suite à la demande des agriculteurs de la zone de rejet, ce qui a occasionné l’augmentation du coût du projet de 2,5 millions de dinars.
En 2009, l’ONAS a réalisé 108 millions de dinars d’investissement, quel a été le montant réservé à la recherche scientifique et comment se présente votre relation avec le monde universitaire?
Le montant d’investissement réservé à la Recherche et Développement s’élève à 400 mille dinars.
Les modes d’action de R&D au niveau de l’ONAS s’appuient résolument sur des partenariats avec les instituts et les centres de recherche qui favorisent l’échange d’expériences et d’expertises dans le domaine d’assainissement et qui permettent une interaction positive entre toutes les énergies et les compétences.
Le plan d’action est établi sur la base des enjeux prioritaires tels que la maîtrise d’énergie, d’une part, et l’amélioration de la qualité des eaux épurées et la promotion de la valorisation des sous produits, d’autre part. Toutefois, le facteur limitant reste toujours l’offre, c’est-à-dire le potentiel disponible des équipes de recherche surtout dans les domaines de spécialité de l’ONAS.
Les axes de recherche sont définis en coopération et concertation avec les partenaires de l’ONAS. Ces derniers sont associés à la définition des thèmes et priorités ainsi que lors de la validation des résultats obtenus.
En ce sens, plusieurs conventions ont été signées avec les institutions universitaires tels que la Technopole de Borj Cedria, le Centre de Recherche Technologies de l’Eau “CRTE”, l’Ecole Nationale des Ingénieurs de Tunis “ENIT”, l’Ecole Nationale des Ingénieurs de Sfax “ENIS”, l’Institut National des Sciences Appliquées et des Technologies “INSAT“ et le Centre des Biotechnologies de Sfax. Une autre convention a également été signée avec le CEMAGREF (France) pour le développement du mode d’épuration par les roseaux (macrophytes) pour les petites agglomérations.
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