«Intraprendre», le terme pourrait prêter à confusion tant il rappelle un autre
celui «d’entreprendre». Un intrapreneur, tel que défini par Louis Jacques Filion,
professeur à HEC Montréal lors d’une présentation de ce concept à l’IACE,
est une personne orientée vers les
résultats, l’innovation, qui ne supporte pas la routine.
Elle est dynamique et
entreprenante à l’intérieur de la structure où elle travaille. «L’intrapreneuriat,
c’est de l’entrepreneuriat en miniature, même essence, même substance mais à des
degrés moindres», explique M. Filion. Les «intrapreneurs sont des agents de
changement au sein de l’entreprise, ils bousculent les habitudes et introduisent
des éléments innovants. La culture intrapreneuriale œuvre pour une plus grande
responsabilisation du personnel, la reconnaissance de l’effort individuel et une
plus large expression organisationnelle, plus d’expertise dans la gestion du
risque, la valorisation de l’apprentissage et la récompense de la réussite par
le partage de bénéfices.
D’après Serban Teodoresco, Canadien d’origine et Intrapreneur passionné, qui a
fondé de nouveaux groupes au sein de multinationales et a œuvré à changer les
cultures ambiantes dans les grandes entreprises, «un intrapreneur est un
passionné d’idées nouvelles et désire apprendre. Contrairement au gestionnaire,
il s’ennuie et ne se sent pas à l’aise dans la répétition». La gestion du risque
d’entreprise est le domaine de prédilection de Serban Teodoresco qui, fort de
près de 30 ans d’expérience, a mis au point un système unique pour protéger la
réputation et les actifs des marques de commerce et accroître leur profitabilité
grâce la culture organisationnelle dont Unilever.
Récompenser la performance
Pour récompenser les intrapreneurs impliqués et appliqués dans la recherche de
la performance au niveau de leur organisation, les grandes corporations
américaines leurs accordent des revenus considérables et les gratifient pour les
suggestions dont ils font part dans leurs milieux de travail. Ceci est également
valable dans les
PME, où des rémunérations supplémentaires pour les employés les
plus performants leurs sont attribuées assez souvent.
Mais il ne s’agit pas que de primer, il s’agit également de responsabiliser
l’employé qui doit assumer ses parts d’erreurs. Reconnaitre une erreur
lorsqu’elle se produit et ne pas la refaire. «Ceux qui ne font pas d’erreurs
sont ceux qui ne font rien de nouveau, par contre ceux qui commettent la même
erreur deux fois sont des imbéciles…», on tolère l’erreur, pas la stupidité.
Les intrapreneurs sont des «travailleurs infatigables orientés vers l’action,
ils possèdent les bons réseaux à l’intérieur et à l’extérieur de leur propre
structure et sont des utilisateurs judicieux des ressources mises à leur
disposition».
Dans notre pays, on peut être intrapreneur sans en être conscient. Pour
améliorer leurs performances, les entreprises doivent apprendre à utiliser des
mentors et des coaches, mettre en place une politique formelle de soutien à
l’expression innovante et accorder plus de place et d’importance aux
intrapreneurs. Ces maîtres d’œuvre qui envahissent de plus en plus les
structures organisationnelles comprenant entre 25 et 200 personnes participent à
la performance et à la compétitivité de leurs entreprises. Ces personnes douées
d’un esprit innovant et d’une énergie contagieuse participent au «développement
d’une culture du dépassement, du leadership et de la réussite». Une entreprise
sans intrapreneuriat meurt, car elle n’avance pas parce qu’elle n’encourage pas
la prise de risque, la responsabilisation ou le sens de l’initiative.