Bettencourt : la lutte pour la prise de contrôle de L’Oréal s’intensifie

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La milliardaire Liliane Bettencourt, le 18 octobre 2010 au Quai Branly (Photo : Fred Dufour)

[22/10/2010 14:48:43] PARIS (AFP) L’affaire Bettencourt a pris un nouveau tournant cette semaine avec la révélation du désir de Liliane Bettencourt d’écarter son gendre du conseil d’administration du géant des cosmétiques, qui met en lumière la lutte pour le pouvoir au sein de L’Oréal .

Intox ou pas? Paris Match révélait jeudi l’existence d’un courrier envoyé en août par le camp de Liliane Bettencourt à la partie adverse suggérant à Françoise Bettencourt-Meyers de céder une partie de ses parts dans L’Oréal à un de ses fils, ce dernier devant ensuite succéder à son père Jean-Pierre Meyers au conseil d’administration du groupe.

Une information alors confirmée à l’AFP de source proche de la milliardaire. Vendredi Le Figaro allait plus loin, évoquant cette fois-ci le désir de Liliane Bettencourt de tenter d’écarter non seulement son gendre, mais aussi sa fille, du conseil du groupe, au profit de leurs deux fils.

Dans la foulée, un des avocats de l’héritière du géant des cosmétiques remettait en cause l’existence de ce document, que, du reste, l’avocat de Françoise Bettencourt-Meyers n’a jamais confirmé avoir reçu.

“Je ne sais pas qui aurait dit ces choses-là dans l’entourage de Mme Bettencourt et j’en doute”, a déclaré Me Pascal Wilhelm à l’AFP. “Je n’ai envoyé aucune lettre en ce sens, et à ma connaissance, Mme Bettencourt non plus”, a-t-il assuré.

L’autre avocat de la milliardaire, Me Georges Kiejman, n’était quant à lui pas joignable vendredi.

Mais dans la partie de poker menteur entre deux camps qui semblent toujours cacher une carte dans leur manche, la révélation de cette lettre — réelle ou pas — a tout de la contre-attaque savamment orchestrée après la nouvelle demande de placement sous tutelle de Liliane Bettencourt, déposée début octobre par sa fille.

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ésident du conseil du Groupe L’Oreal, Lindsay Owen-Jones, le 9 mai 2007 à Paris (Photo : Olivier Laban-Mattei)

Un placement sous tutelle de Liliane Bettencourt aboutirait en effet sans doute à son départ du conseil d’administration du groupe, où elle siège aux côtés de sa fille et de son gendre. Les trois, d’ailleurs, y votent “en bloc”, assurait encore récemment le président du conseil Lindsay Owen-Jones.

Officiellement au moins, pour l’héritière du géant des cosmétiques, sa fille et son gendre ne poursuivent d’ailleurs qu’un but dans la lutte qui les oppose: mettre la main sur le groupe à l’origine de la fortune familiale pour le céder au suisse Nestlé, deuxième actionnaire de L’Oréal derrière la famille.

Ces derniers ont toujours formellement nié de telles intentions.

Mais Liliane Bettencourt s’en inquiète au point d’avoir envisagé de revenir sur la donation des parts familiales à sa fille et à ses petits-enfants effectuée en 1992.

Elle avait alors cédé en nue-propriété ses parts dans le groupe à sa fille et à ses petits-fils, elle-même en conservant l’usufruit. La manoeuvre lui permet aujourd’hui encore d’exercer les droits de vote et de toucher les dividendes (278 millions d’euros en 2009) liés à ces actions, qui représentent 30,9% du capital du groupe.

L’Oréal, pour l’image duquel M. Owen-Jones s’est récemment dit “soucieux” en raison de l’affaire Bettencourt, continue en tout cas à se porter bien: il a engrangé au 3e trimestre un chiffre d’affaires en hausse de 14,6% à 4,85 milliards d’euros.

Pesant près de 52 milliards d’euros en Bourse, L’Oréal emploie quelque 65.000 personnes dans le monde entier.