èvistes le 22 octobre 2010 devant la raffinerie Total à Grandpuits (Photo : Thomas Samson) |
[23/10/2010 07:53:08] PARIS (AFP) Les salariés en grève dans les raffineries s’attendent à être touchés de plein fouet par la réforme des retraites, qui pourrait remettre en cause un dispositif de cessation anticipée d’activité dans la branche, qu’assurent financièrement les entreprises.
Au titre de la pénibilité, la convention collective de l’industrie du pétrole prévoit un départ anticipé pour les travailleurs postés en continu, c’est-à-dire tout salarié, de l’ouvrier à l’ingénieur, appartenant à une équipe qui tourne par rotation 24 heures sur 24.
Il faut que ces salariés aient au minimum 10 ans de service continu dans leur entreprise. Le départ peut se faire à raison d’un mois d’anticipation par année de travail, dans la limite de 36 ans d’activité.
La plupart des dispositifs des groupes pétroliers sont plus favorables, avec ainsi chez Total et Esso un départ possible jusqu’à 5 ans avant l’âge légal. L’accord de branche était en cours de renégociation, lorsqu’en septembre l’Ufip (patronat des industries pétrolières) a suspendu les discussions dans l’attente de l’aboutissement de la réforme des retraites.
Total a assuré que les mesures pour son personnel demeureraient, avec cependant un départ décalé de 55 à 57 ans, du fait du report de l’âge légal de 60 à 62 ans.
Mais la CGT chimie craint la disparition pure et simple de ces régimes spéciaux, qui devront rester exceptionnels. De plus, les employeurs “refuseront de payer deux fois”, selon elle: l’une pour les dispositifs maison, l’autre pour le pot commun entre les employeurs des différentes branches pour permettre le maintien de la retraite à 60 ans de salariés en incapacité reconnue, comme prévu dans le projet de loi.
Alors que le dispositif actuel est automatique, la fédération syndicale dénonce “l’entêtement dogmatique du gouvernement à reconnaître dans son projet uniquement la pénibilité au travers d’un taux de 10% d’incapacité reconnue médicalement”.
Si les départs anticipés disparaissaient, “ce serait vraiment une injustice étant donné l’espérance de vie réduite des salariés postés, encore plus réduite que celle des ouvriers”, estime Manu Lépine (CGT Esso). Les ouvriers ont une espérance de vie inférieure de sept ans aux cadres, selon les statistiques officielles.