é réquisitionné et une grèviste le 22 octobre 2010 devant la raffinerie Total à Grandpuits (Photo : Thomas Samson) |
[23/10/2010 15:00:49] GRANDPUITS (AFP) La raffinerie Total de Grandpuits (Seine-et-Marne), frappée par un deuxième arrêté préfectoral de réquisition, restait à l’arrêt samedi, mais des camions-citerne se ravitaillaient au dépôt de carburant, exacerbant la colère des grévistes.
Après dix jours de blocage de cette raffinerie vitale pour l’approvisionnement du bassin parisien, le préfet de Seine-et-Marne Jean-Michel Drevet, a pris dans la nuit de vendredi à samedi un second arrêté de réquisition des grévistes.
Quelques heures plus tôt, le tribunal administratif de Melun avait suspendu un premier arrêté de réquisition, sur la base duquel des gendarmes mobiles avaient débloqué le dépôt de carburants vendredi matin.
Puisque le juge administratif reprochait au premier arrêté d’avoir “porté une atteinte grave et manifestement illégale au droit de grève” en réquisitionnant “la quasi-totalité du personnel de la raffinerie”, le second texte préfectoral s’est “cantonné à une réquisition du personnel strictement nécessaire”, a expliqué le ministère de l’Intérieur.
Soucieux que les stations-service d’Ile-de-France soient approvisionnées en ce week-end de vacances, le ministère s’est félicité que “les rotations de camions se déroulent donc à nouveau normalement”.
à Grandpuits sous surveillance policière (Photo : Thomas Samson) |
De fait, “trois ou quatre camions sont en train de ravitailler sur la base de chargement”, témoigne, dépité, Jérôme, un gréviste réquisitionné et qui refuse de donner son patronyme.
La route qui mène au dépôt est étroitement surveillée par les forces de l’ordre venues en nombre et utilisant leurs fourgons comme barrage filtrant.
Mais, prévient le chef opérateur Philippe Lacroix, “il reste approximativement trois à quatre jours d’autonomie, les cuves sont presque à sec”. “On vide nos stocks et quand ils seront vides, je ne sais pas comment on va approvisionner le pays, d’autant que notre outil de raffinage est à l’arrêt”, poursuit-il.
Devant l’entrée de l’usine, les grévistes font un barbecue, pendant que la sono diffuse une chanson appelant au “courage” et à la “résistance”.
Après 11 jours de grève, “pour l’instant, on tient le choc, on est toujours dans l’action, on est toujours déterminés”, martèle Pascal Lacroix. “On est en colère mais la motivation est forte”, renchérit Franck, un autre syndicaliste.
Les grévistes devraient déposer dès lundi un nouveau référé contre l’arrêté de réquisition, a dit à l’AFP Franck Manchon délégué CGT.
à la raffinerie Total à Grandpuits (Photo : Thomas Samson) |
D’ici là, “on s’exécute pour éviter des sanctions pénales: de six mois à cinq ans d’emprisonnement et des amendes financières”, explique son collègue Cédric Franco.
“On applique ce qui est demandé dans l’arrêté de réquisition. Quand on est gréviste, ça vous pèse (…) et puis ce n’est pas gai de travailler avec les gendarmes derrière”, déplore ce salarié avec 15 ans d’ancienneté à Grandpuits.
Après l’intervention rapide des forces de l’ordre vendredi matin, des gendarmes mobiles se tenaient de nouveau tout près de l’entrée de Grandpuits samedi après-midi.
Mais la poignée de grévistes n’imaginent pas une nouvelle opération: “On n’est pas des voyous, on n’est pas des casseurs, on se bat simplement contre la réforme des retraites de Sarko”, fustige le syndicaliste Franck.