Accord au G20 : les ferments de nouvelles frictions autour des monnaies

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à l’issue du G20, le 23 octobre 2010 à Gyeongju (Photo : Kim Jae-Hwan)

[24/10/2010 09:11:35] GYEONGJU (Corée du Sud) (AFP) Les grands argentiers du G20, réunis en Corée du Sud, ont déclaré une trève dans la “guerre des monnaies” mais l’accord conclu, en particulier sur la réforme du FMI, semble contenir les ferments de nouvelles frictions.

Lors de cette réunion préparatoire au sommet du G20 les 11 et 12 novembre à Séoul, pays riches et émergents se sont engagés à limiter les déséquilibres de leurs comptes courants et à s’abstenir d’intervenir pour dévaluer leurs devises, un accord qui s’appuie sur les propositions américaines.

Dans un climat alourdi par les risques de guerre des changes, le G20 Finances a appelé à des systèmes de taux de change “davantage déterminés par le marché” et “à résister à toutes les formes de mesures protectionnistes”, des engagements salués par les analystes.

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à Gyeongju, en Corée du Sud (Photo : Kim Jae-Hwan)

Le G20 a également approuvé une réforme depuis longtemps attendue de la gouvernance du Fonds monétaire international (FMI), “la plus grande jamais adoptée”, selon son directeur général, Dominique Strauss-Kahn.

Le projet de réforme, qui doit encore être validé par le conseil d’administration du FMI, augmente les sièges des pays émergents à son conseil d’administration, au détriment des pays européens et élargit ses attributions en matière de surveillance des politiques économiques des Etats.

Pour Domenico Lombardi, ancien membre du conseil d’administration du FMI et de la Banque mondiale, les conclusions du G20 sonnent comme une victoire pour le ministre américain des Finances, Timothy Geithner, qui avait fermement rappelé que les déséquilibres des comptes courants menaçaient l’économie mondiale.

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éunion des ministres des Finances et des gouverneurs de banques centrales, lors du G20 le 22 octobre 2010 à Gyeongju, en Corée du Sud (Photo : Ahn Young-Joon)

“Le consensus au sein du G20 s’est déplacé vers la position américaine mais sans fixer de limites chiffrées à ces déséquilibres, il est peu probable que cet engagement ait des effets contraignants”, a estimé M. Lombardi.

“Les Chinois s’étaient engagés à plus de flexibilité sur le taux de change du yuan avant le sommet de Toronto (du G20 en juin) mais ils ont peu agi depuis”, a-t-il ajouté.

Tandis que les Etats-Unis accusent la Chine de maintenir le yuan à un niveau artificiellement bas, nombre de pays émergents se plaignent de la politique monétaire américaine qui fait chuter le dollar et renchérit leurs exportations, tout en attirant chez eux des capitaux volatils et spéculatifs.

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à Gyeongju, en Corée du Sud (Photo : Kim Jae-Hwan)

M. Geithner a cependant assuré samedi à l’issue des débats être en faveur d’un “dollar fort” et demandé une “appréciation graduelle” des monnaies des pays à fort excédent commercial.

Pour Marco Annunziata, économiste chez Unicredit Group à Londres, l’accord trouvé samedi “va contribuer à apaiser les craintes des marchés face à une guerre des monnaies”. Ce dernier est plus réservé sur la réforme et le rôle élargi du FMI “qui était déjà chargé de surveiller les déséquilibres des balances mais sans pouvoir contraignant”.

Certains ministres ont clairement indiqué que l’optimisme n’était pas de mise à l’ouverture de cette réunion du G20.

“Nous sommes arrivés à Gyeongju pleins d’appréhension et nous repartons pleins d’espoir”, a réagi la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde.

“Personne ne s’attendait vraiment” aux avancées obtenues en matière de changes et dans la réforme du FMI, a dit le ministre britannique des Finances, George Osborne.

Le président sud-coréen, Lee Myung-Bak, sur le ton de l’humour, avait menacé vendredi de couper tous les moyens de transport vers Gyeongju tant qu’un accord ne serait pas trouvé.

“L’impact positif (de l’accord de Gyeongju) sera-t-il durable ? Cela sera conditionné au changement dans les politiques nationales, afin de se mettre en conformité avec les termes de l’accord”, a encore souligné M. Annunziata.

Sans effet, “cela sera considéré comme une simple déclaration de principe”, pour ce dernier.