Pénurie de carburant : la menace plane d’une nouvelle dégradation lundi

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à Paris, le 24 octobre 2010 (Photo : Thomas Coex)

[24/10/2010 13:48:52] PARIS (AFP) La menace plane d’une nouvelle dégradation lundi de la pénurie de carburants liée au conflit sur la réforme des retraites, alors qu’un quart des stations-service françaises, surtout dans l’Ouest, est toujours en panne d’approvisionnement en pleines vacances de Toussaint.

“On n’a pas beaucoup approvisionné dimanche donc la situation lundi va être plus difficile pour tout le monde”, a déclaré à l’AFP le président de l’Union française des industries pétrolières (UFIP), Jean-Louis Schilansky.

Il a expliqué que les chauffeurs spécialisés dans le transport de matières dangereuses, énormément sollicités ces derniers jours, devaient observer un repos imposé par la législation.

Il a aussi pointé l’impact de la priorité donnée par le gouvernement à l’approvisionnement des stations d’autoroutes pour faciliter les départs en vacances qui, selon Bison Fûté, ont été “inférieurs” à l’an passé.

“A partir de mardi, on va revenir au niveau où on était”, a toutefois souligné M. Schilansky. “La bonne nouvelle, c’est qu’il y a eu extrêmement peu de problèmes sur les autoroutes pour les départs en vacances”, a-t-il ajouté.

Sur l’ensemble de la France, “il y a actuellement une station service sur quatre qui n’est pas approvisionnée”, a affirmé dimanche Raymond Soubie, conseiller social de Nicolas Sarkozy, pariant comme le gouvernement, sur une amélioration “mais lentement, progressivement”.

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és par les forces de l’ordre à leur sortie le 22 octobre 2010 de la raffinerie de Grandpuits (Photo : Thomas Samson)

“Globalement la situation est stable, avec environ 25% des stations en manque d’approvisionnement mais d’énormes disparités entre les régions”, a confirmé l’UFIP, dont les membres exploitent avec les indépendants le plus gros réseau de distribution du pays (7.600 stations sur un total de 12.300).

“Dans les départements les plus touchés, comme dans l’Ouest, la proportion de stations qui ont des problèmes d’approvisionnement peut aller jusqu’à 40%”, a précisé Jean-Louis Schilansky.

L’ouest de la France et la région parisienne restaient les plus affectés dimanche, selon le ministère de l’Energie.

“En Ile-de France, on avait 35% de stations à sec ou en manque d’au moins un produit, et dans l’Ouest, un petit tiers environ des stations qui posent de réelles difficultés”, a indiqué une porte-parole.

Sept départements (Eure, Calvados, Loire-Atlantique, Indre-et-Loire, Val-de-Marne, Oise, Allier), listés dans le rouge la veille par le ministre Jean-Louis Borloo avec “à peu près une pompe sur deux” alimentée, étaient toujours à court de carburant, malgré un léger mieux dans l’Oise.

La détente se confirmait à l’est, au nord et dans la moitié sud de la France. “Dans les zones Est, Sud-ouest, Nord et Sud, environ 10 et 15% des pompes sont à sec”, a indiqué la porte-parole.

Alors que les 12 raffineries françaises sont à l’arrêt, la ministre de la Santé Roselyne Bachelot a demandé dimanche aux grévistes de faire preuve de “responsabilité” et “à prendre conscience des difficultés” qu’ils peuvent entraîner, notamment pour les personnes malades.

“Il faut qu’il y ait une reprise du travail des raffineries”, avait martelé samedi soir Jean-Louis Borloo, affirmant que le pays était “passé à côté d’une crise d’une extrême gravité”.

L’impact économique de la crise actuelle n’a pas encore été chiffré. Mais la colère gronde chez les patrons de petites et moyennes entreprises. “Ces actes de blocage s’apparentent à du terrorisme économique”, a tonné le président de la CGPME Jean-François Roubaud ce week-end dans Le Parisien.