La tendance est heureuse et ne cesse de se confirmer au fil des années. En dépit des crises et aléas climatiques, l’économie tunisienne parvient, chaque année, à réaliser des taux de croissance positifs. A l’origine de la stabilité et régularité des résultats : la diversification de la base économique du pays.
A titre indicatif, en 2009, année de crise internationale qui a généré une forte baisse d’activité des industries off shore implantées en Tunisie, l’agriculture, avec une bonne récolte céréalière record de 2,5 tonnes (presque la totalité des besoins annuels du pays en céréales qui s’élèvent à 2,7 millions de tonnes), a sauvé la mise et permis de réaliser un taux de croissance positif de 3,1%. Il s’agit d’une véritable performance, car la croissance dans l’écrasante majorité des pays du monde a été au niveau zéro, au cours de cet exercice.
Une année après, c’est-à-dire en 2010, le secteur agricole n’a pas récidivé et répété la même performance. Sa valeur ajoutée a baissé de 8,5%. La céréaliculture a été particulièrement affectée par un déficit pluviométrique des plus aigus. La production céréalière chute de moitié et recule à 1,8 million de tonnes contre 2,5 millions de tonnes une année, auparavant.
La Tunisie parvient quand même à réaliser, en 2010, un taux de croissance de 3,8% contre 4% prévu par le budget économique 2010. Ce bon résultat est imputable au bon comportement des industries manufacturières et des services qui ont cru, respectivement, de 8,1% et de 5,2%.
Par filières, la palme d’or revient aux industries mécaniques et électriques qui ont cru au fort taux de 22,4% contre une baisse de 12,6% en 2009. Les industries chimiques ont suivi le mouvement à un moindre de degré, en réalisant un taux de croissance de 11,4% contre une baisse de 10,3%) en 2009.
S’agissant des branches de services qui se sont le plus distinguées en 2010, figurent les technologies de l’information et de la communication (+13,8%) et la reprise du secteur du transport (+3%) contre 1% en 2009.
Au delà de ces chiffres récents fournis par le projet du Budget économique pour 2011, la diversification progressive de la base économique, processus engagé depuis le début des années 90, a eu pour mérite, voire pour vertu de renforcer, sur le court terme, la capacité de résistance de l’économie aux chocs exogènes (crises) et endogènes (aléas climatiques) et de consolider sur les moyen et long termes son potentiel à réussir son intégration dans l’économie mondiale.
Néanmoins, la diversification de la base économique, accompagnée par son ouverture sur l’extérieur (les exportations représentent plus de 50% du PIB), l’économie tunisienne gagnerait à être renforcée par une plus grande forte intégration de l’industrie locale. Il s’agit, particulièrement, de créer plus de valeur ajoutée dans un créneau à notre portée, celui de l’agroalimentaire.
La Tunisie, qui recèle d’une dizaine de produits agricoles et halieutiques très prisés dans le monde (fruits de mer, huile d’olive, dattes, vins, céréales, agrumes, tomates, pommes, figue de barbarie …), a tout intérêt à faire de la transformation de ces produits une industrie prospère qu’il faudrait ériger en une filière hautement stratégique.
Désormais, la pérennité et la régularité de la production agricole, tout autant que l’immunisation de notre économie en dépendent. Le recentrage et la structuration de l’économie nationale autour d’une industrie que nous maîtrisons en amont et en aval sont vivement souhaités.