En prévision de l’ouverture du ciel tunisien (Open sky), prévue officiellement pour 2011, le transporteur public, Tunisair, fait flèche de tout bois pour se préparer au mieux à cette échéance. Il s’agit d’un sérieux défi que la compagnie aérienne publique se doit de relever avec succès car les compagnies dites low cost, aguerries à un sacro-saint management de qualité, productivité et compétitivité totales, lui livreront, sans état d’âme, une concurrence sans merci.
Objectivement, l’Open sky devrait favoriser, non seulement, de plus importants flux de touristes vers la destination Tunisie mais également une percée des industriels tunisiens sur les marchés émergents (Maghreb, Afrique, Sud-est asiatique…), jusque-là sous-desservies par les compagnies aériennes.
Les hôteliers tunisiens, râleurs professionnels à l‘affût de toute insuffisance, ont toujours eu cette fâcheuse tendance à masquer leur contreperformance structurelle par l’incapacité des transporteurs aériens publics et privés locaux d’acheminer vers le pays une clientèle potentielle intéressante essaimée à travers le monde et frustrée par l’inexistence de dessertes régulières vers les stations touristiques du pays.
Pourtant, cette règle a prouvé ses limites au Maroc. L’ouverture du ciel marocain, depuis 2004, ne s’est pas accompagnée, nécessairement, par des flux notoires de touristes. L’Open sky a tout juste profité aux Marocains à l’étranger qui ont sauté sur l’aubaine pour rentrer plus souvent au bercail.
Idem pour nos industriels, handicapés par la petitesse de la taille de leurs nombreux ateliers, créés à la faveur de la générosité des primes et des subventions de l’Etat, ne disposent, aujourd‘hui, de la capacité requise pour conquérir des parts de marché hors du pays. Il faut reconnaître, ici, que les Marocains ont fait mieux que nous. Leurs industries, accompagnées par des entreprises conquérantes, en l’occurrence Attijariwafa Bank et Royal Air Maroc (RAM), sont en train de faire des merveilles en Afrique et ailleurs.
Pour revenir aux préparatifs de Tunisair à l’Open sky, les experts estiment que la meilleure manière pour les compagnies régulières traditionnelles de contrer les low-cost, est d’agir sur trois fronts.
Premièrement, il s’agit d’introduire le maximum de valeur ajoutée tout le long du segment de traitement du client, depuis sa réservation jusqu’à la fin de son voyage.
Deuxièmement, les «majors» sont appelés à multiplier les liaisons sur les longues distances. Les continents américain, asiatique et africain constituent, pour notre compagnie nationale, un filon encore vierge.
Troisièmement, l’accent doit être mis sur la multiplication des fréquences au niveau des liaisons régulières. Ce segment est déterminant pour atteindre l’objectif de 10 millions de touristes à l’horizon 2016. Seul l’Open sky pourrait permettre d’y arriver.
C’est dans cette perspective que la compagnie nationale Tunisair a décidé, durant la saison hivernale (novembre 2010 – mars 2011), de multiplier dessertes et fréquences sur les liaisons régulières. Objectif : occuper le terrain et renforcer sa présence sur le régulier.
Au rayon de la compression des coûts, Tunisair a agi, entre autres, sur le catering. Selon le transporteur public, c’est une évolution dictée par le marché. Pour les dessertes courtes surtout, le passager réclame de moins en moins de nourriture à bord des avions. Conséquence : il serait indifférent aux prestations catering. D’ailleurs, au niveau du charter, Tunisair a commencé à expérimenter le sandwich au lieu du plateau avec un repas chaud ou froid, selon l’heure du vol.
Quant à la qualité, Tunisair a opté pour le renouvellement de sa flotte avec comme corollaire plus de confort et plus de sécurité pour le passager.
Le plan de flotte 2007-2016 comprend 10 Airbus A320 livrables entre 2010 et 2016, 3 Airbus A330 entre 2012 et 2013 et 3 Airbus A350 entre 2018 et 2019.
De telles acquisitions favorisent, naturellement, l’ouverture de nouvelles lignes long courrier d’ici juin 2012 (Montréal – Canada) et à garantir les prestations de qualité, de service et de confort à bord.