Le stand DCNS lors du salon Euronaval le 27 octobre 2008 au Bourget (Photo : Lionel Bonaventure) |
[25/10/2010 07:02:46] PARIS (AFP) Le salon Euronaval réunira près de Paris à partir de lundi les professionnels de la défense navale à un moment crucial pour un secteur qui compte plus que jamais sur l’export face à la baisse prévisible des budgets en France et en Europe.
Près de 400 exposants et des professionnels du monde entier sont attendus du 25 au 29 octobre au parc des expositions du Bourget (Seine-Saint-Denis), pour ce grand rendez-vous biennal.
En France, la filière navale de défense revendique un chiffre d?affaires de 5 milliards d?euros (dont 30% à l?export) et plus de 40.000 emplois.
DCNS, champion français du secteur, propriété à 75% de l’Etat et à 25% du groupe Thales, peut compter sur des années d’activité grâce aux programmes de frégates multi-missions (FREMM) et de sous-marins nucléaires d’attaque Barracuda pour la marine.
A l’export, le Brésil avait aussi signé un contrat avec la France fin 2008 pour quatre sous-marins d’attaque Scorpène et un accord de coopération sur un sous-marin à propulsion nucléaire.
Mais à moyen terme, l’industrie française aura besoin d’autres contrats.
“On a des risques identifiés sur le plan de charge si le deuxième porte-avion ne se concrétise pas et si notre activité à l’export ne se développe pas plus”, estime un responsable CFDT chez DCNS.
Or la décision sur la construction d’un deuxième porte-avion a été reportée à 2012. Et ce programme d’au moins 2,5 milliards d’euros a peu de chances de se concrétiser à l’heure des économies budgétaires.
Le secteur compte donc plus que jamais sur l’exportation.
DCNS, qui veut aussi se diversifier – énergies renouvelables, nucléaire civil – poursuit plusieurs cibles à l’étranger. Le groupe espère par exemple des contrats en Arabie Saoudite (entretien des frégates Sawari, vente de FREMM) et en Grèce (égalemment pour des FREMM).
Surtout, la France compte vendre quelques bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral à la Russie.
Le président Nicolas Sarkozy avait crié victoire en juillet devant les salariés de chantiers français: “Le contrat, on est en train de le négocier, mais la décision de le faire, elle est certaine”.
En fait, la France est aujourd’hui en lice face à plusieurs pays pour ce contrat très sensible et politique, vu d’un mauvais oeil par certains alliés de l’Otan comme les pays baltes.
Elle espère construire au moins deux de ces porte-hélicoptères dans les chantiers STX France de Saint-Nazaire, tandis que les Russes veulent ensuite fabriquer d’autres exemplaires sur leur sol grâce à un transfert de technologie.
Autre gros chantier: la consolidation européenne, évoquée depuis des années mais toujours en rade, que les futures coupes budgétaires pourraient relancer.
“C’est le pragmatisme, la contrainte qui obligeront les Européens à se rapprocher”, estime un responsable du ministère de la Défense.
Le paysage reste fragmenté, avec plusieurs champions nationaux: l’italien Fincantieri, l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems, l’espagnol Navantia… Mais la question des rapprochements n’avance pas.
Le projet d’alliance dans les torpilles entre DCNS, Finmeccanica et Thales, décidé lors du sommet franco-italien de Nice en 2007, n’a toujours pas débouché. Français et Italiens ne parviennent pas à s’entendre sur le partage des responsabilités et l’actionnariat des coentreprises qu’ils veulent créer.
“Si les Européens ne sont pas capables d’avoir un grand constructeur du niveau d’EADS pour l’aéronautique, il n’y aura plus de chantier naval dans 40 ans en Europe”, prévient-on au ministère de la Défense.