Retraites : Bercy s’alarme du coût des grèves

photo_1288030280034-1-1.jpg
à Marseille contre la réforme des retraites, le 25 octobre 2010 (Photo : Vincent Beaume)

[25/10/2010 18:11:44] PARIS (AFP) Le gouvernement, inflexible sur la réforme des retraites à deux jours d’un vote définitif au Parlement, a chiffré à plusieurs centaines de millions d’euros le coût quotidien d’un conflit qui s’est détendu sur le front des carburants avec la levée du blocus des dépôts.

La facture des grèves et blocages depuis deux semaines s’élève pour l’économie française à un montant compris “entre 200 et 400 millions d’euros par jour”, s’est alarmée lundi la ministre de l’Economie Christine Lagarde, confirmant partiellement des chiffres du Figaro.

“Ca commence à coûter cher, c’est une crise dont la France n’a pas les moyens de se payer le luxe”, a renchéri son homologue du Budget François Baroin.

“Il faut envoyer la facture au président de la République, c’est quand même lui qui est responsable de ça”, a répliqué du tac au tac le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly.

Les syndicats, qui ont appelé à deux autres journées d’action, jeudi, puis samedi 6 novembre, entendent maintenir la pression.

Selon l’Union française des industries pétrolières cependant, plus aucun dépôt de produits pétroliers, en dehors de ceux situés dans les raffineries, n’était bloqué en France.

photo_1288030138659-1-1.jpg
étaire général de FO, Jean-Claude Mailly le 25 cotobre 2010 à Paris (Photo : Miguel Medina)

“Demain sera la journée la meilleure depuis le début de la crise”, a même assuré Jean-Louis Borloo, ministre de l’Energie en tablant sur un “objectif” de quatre stations sur cinq “en état de fonctionnement”.

Il a cependant reconnu des difficultés persistantes d’approvisionnement en carburants dans plusieurs régions, dont l’Ile-de-France, mais a parlé de “réelles améliorations en fin d’après-midi”.

Faire grève maintenant “ne sert à rien” puisque la réforme doit être votée définitivement par le Parlement mercredi, avait asséné le ministre du Travail Eric Woerth dimanche.

Sept députés et autant de sénateurs, réunis lundi pour élaborer un texte commun, sont parvenus à un accord, qui permettra un vote définitif du projet mardi au Sénat et mercredi à l’Assemblée.

La réforme devrait être promulguée par le président Nicolas Sarkozy, aux alentours du “15 novembre” selon son conseiller social Raymond Soubie, après un éventuel passage devant le Conseil constitutionnel.

Selon Mme Lagarde, la paralysie des 12 raffineries françaises a affecté en particulier l’industrie chimique, “qui a un besoin important de ravitaillement en produits pétroliers”. Mais c’est aussi “très douloureux” pour les petites entreprises (PME/TPE).

D’autres secteurs ont été touchés, les travaux publics, le commerce ou le tourisme. La FNSEA a parlé de problèmes d’approvisionnement de plus en plus “aigus” pour les agriculteurs.

Le conflit entraîne aussi un “préjudice moral” pour la France, dont l’image est affectée à l’étranger par les incidents survenus en marge des manifestations, a estimé la ministre.

En ce qui concerne les raffineries, les grévistes qui bloquaient depuis le 15 octobre les expéditions de Petroplus à Reichstett (Bas-Rhin) ont voté la fin du mouvement. La fin de la grève a également été votée dans les deux raffineries françaises du groupe Esso, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et Gravenchon (Seine-Maritime).

La pénurie n’est pas sans conséquence sur le porte-monnaie des Français, avec une hausse moyenne des prix de trois à huit centimes d’euros par litre de carburant, selon Bercy. Christine Lagarde a toutefois estimé que les “abus” restaient limités: 40 procès-verbaux dressés contre des pompistes sur 2.000 contrôles des prix effectués ces deux derniers jours.

Quant à la direction de la SNCF, elle a fait état d’une amélioration du trafic, avec par exemple plus de huit TGV sur dix en circulation.