Le redémarrage des raffineries, une tâche complexe qui prend plusieurs jours

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La raffinerie de Grandpuits, en Ile-de-France, le 25 octobre 2010 (Photo : Bertrand Langlois)

[26/10/2010 13:18:19] PARIS (AFP) La remise en route d’une raffinerie arrêtée est une tâche complexe nécessitant plusieurs jours et qui, en outre, reste tributaire de son approvisionnement en pétrole brut.

“La vie dans une raffinerie s’écoule assez lentement, ce sont un peu des dinosaures. On ne peut ni les arrêter, ni les redémarrer très vite”, résume Pierre Marion, ingénieur en études économiques à l’Institut français du Pétrole-Energies nouvelles (IFP).

“On y rentre du pétrole brut et on le travaille dans différents ateliers qui, à travers une série d’opérations successives, permettent d’obtenir les différents produits” qui en sortent: carburants, mais aussi fioul domestique ou lourd, produits de base pour la chimie et la pétrochimie et bitumes notamment, rappelle M. Marion.

Concrètement, la production ne devrait pas reprendre avant trois à sept jours dans les raffineries où la grève est levée, sous réserve d’ailleurs que les établissements soient correctement approvisionnés en pétrole brut.

“Il faut vérifier que les installations sont aptes à redémarrer: il y a des tests à faire et éventuellement des travaux” de remise en conformité, explique Manu Lépine, coordonnateur CGT chez ExxonMobil (Esso).

“Ensuite, on redémarre les unités les unes après les autres. Tout se tient dans une raffinerie, c’est comme un château de cartes. Si vous tirez un fil, ça a une influence sur les autres unités”, poursuit-il: “par exemple, pour l’hydrogène, si telle unité est productrice d’hydrogène, et telle autre consommatrice, il faut les +monter+ en même temps”.

“Il y a toute une chaîne de production qui se remet en marche progressivement à partir du moment où l’unité frontale de distillation recommence à marcher”, souligne Jean-Louis Schilansky, le président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip).

“C’est ce processus de redémarrage séquentiel des grandes unités qui prend environ trois ou quatre jours”, ajoute-t-il, évoquant des “opérations délicates”.

M. Lépine estime, lui, le délai total avant de pouvoir à nouveau sortir un produit conforme à “trois à sept jours”, selon les raffineries. Mais rédemarrer en “trois jours, c’est quasiment un exploit olympique. Le minimum c’est plutôt 4 ou 5 jours, et le délai raisonnable, c’est entre 5 et 7 jours”, avance-t-il.

Ce délai aurait toutefois été nettement plus long si les 12 raffineries françaises avaient été totalement arrêtées – ce qui n’a pas été le cas, sauf pour la raffinerie Total de Dunkerque, promise à une prochaine fermeture, selon M. Schilansky.

Les onze autres ont conservé des unités en fonctionnement ou tourné en circuit fermé, sans fournir de produits finis, mais n’ont jamais été totalement stoppées, assure-t-il.

Le redémarrage de la production des raffineries implique également qu’elles soient approvisionnées en pétrole brut. Et la plupart d’entre elles en sont privées en raison des mouvements de grève affectant toujours les terminaux pétroliers.