Lorsqu’on voit Nébil Karoui, PDG de Nessma s’exprimer avec une assurance qui frôle parfois l’arrogance sur «sa télé» ou dans les conférences de presse, on ne soupçonne pas derrière cet air d’homme d’affaires ambitieux, affairé, passé maître dans l’art de la communication, un homme pour lequel Nessma représente la réalisation du rêve de toute une vie. Un homme qui, enfant déjà, a longtemps vécu dans les livres et s’est «goinfré» de films et de biographies d’acteurs. Un opérateur qui s’est toujours demandé “qu’est-ce qui peut faire que nous rayonnons et que nous nous imposons dans notre propre espace médiatique aussi bien sinon plus que toutes ces chaînes satellitaires venues de toutes parts?”.
Naissons-nous entrepreneurs ou le devenons-nous? «C’est un peu les deux, répond Nébil Karoui, nous naissons avec l’ambition de construire quelque chose, de participer à la création d’un projet et à sa pérennisation, et nous apprenons au fur et à mesure à le développer, à le préserver et à le conserver».
Pour lui, dans son acception générique et dynamique, le verbe «entreprendre» recouvre plusieurs significations plus ou moins complémentaires. Il veut dire agir sur le réel, faire, créer, édifier, accomplir. Il peut vouloir dire aussi oser, dépasser, transcender.
«L’esprit d’entreprise est illimité car il n’existe pas de limites à l’intelligence et à l’ambition de l’homme, à son aspiration à toujours aller de l’avant, à rendre le monde meilleur et, parfois, hélas, moins meilleur, comme l’ont montré certains épisodes de l’histoire universelle».
«Entreprendre veut surtout dire donner du sens à la vie sans quoi elle ne vaudrait pas la peine d’être vécue», assure le PDG de Nessma.
Entreprendre, c’est avant tout prendre des risques, c’est faire bouger les choses, et c’est parfois bousculer les habitudes, défier l’ordre socioculturel établi, c’est construire des ponts entre des communautés venant de différents horizons. Et pour Nébil Karoui, les secteurs médiatique et culturel sont en train de connaître une véritable mutation en Tunisie. «L’encouragement, par l’Etat, de l’initiative privée a notablement fait évoluer le paysage culturel et médiatique, et le rôle des opérateurs privés s’est révélé, à ce niveau, essentiel». Toutefois, il précise, bien que ce pluralisme bienvenu synonyme de quantité suppose également que l’on tende vers la qualité. Ce sont ces deux éléments réunis, associés à la liberté d’expression et de création, qui sont de nature à édifier une véritable industrie culturelle.
«Sans entreprenariat entrepreneuriat, un pays stagne, recule, dépérit, c’est une évidence. La Tunisie est suffisamment riche en ressources humaines qualifiées pour aspirer à l’excellence en matière d’entrepreneuriat et donc de développement, l’un et l’autre étant intimement liés», conclut Nébil Karoui.
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