Raffineries : une station sur cinq encore à sec, la contestation marque le pas

photo_1288160524680-2-1.jpg
èvistes devant la raffinerie Total le 26 octobre 2010 à Donges (Photo : Frank Perry)

[27/10/2010 06:44:11] PARIS (AFP) La situation restait difficile mardi soir sur le front des carburants avec une station-service sur cinq toujours à sec, et le gouvernement ne s’avançait pas à prévoir une date de retour à la normale alors que la contestation semble marquer le pas dans les raffineries.

“On est, mardi soir, à 20% de stations ayant des difficultés d’approvisionnement et la tendance continue à s’améliorer”, a affirmé à l’AFP Jean-Louis Schilansky, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip).

De son côté, le ministre de l’Energie Jean-Louis Borloo a assuré que l’objectif de 80% de stations “en état de fonctionner totalement ou presque”, serait “atteint (mardi) soir”. “Selon le dernier bilan effectué à 19H00, la situation continue progressivement de s?améliorer”, a-t-il estimé dans un communiqué conjoint avec le secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau.

photo_1288160765847-2-1.jpg
à l’Assemblée nationale (Photo : Patrick Kovarik)

Les deux hommes ont toutefois reconnu de “réelles disparités sur le territoire national, notamment en Île-de-France, Ouest et Centre-Ouest”. Ils ont assuré qu'”en prévision du week-end de la Toussaint, une attention particulière sera à nouveau portée à l?approvisionnement des stations-service”.

Auparavant, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux avait évoqué un retour “progressif mais régulier” à la normale dans les stations-service et affirmé que cinq raffineries sur 12 avaient “repris le travail”.

Selon un décompte de l’AFP, huit raffineries étaient toutefois toujours en grève, partielle ou totale, mardi. Et sur les quatre sites où le travail a repris complètement, une seule raffinerie fonctionne, à débit réduit, et en puisant dans les stocks stratégiques de pétrole. Les autres ne peuvent redémarrer faute de brut, qui ne leur est plus acheminé en raison de la grève dans les terminaux pétroliers du Havre et de Fos-Lavéra.

Dans les stations-service, les distributeurs indépendants de la FF3C recensaient un point de vente sur deux toujours “en difficulté” dans leur réseau de 3.500 stations rurales. “Les améliorations sont imperceptibles”, selon leur porte-parole Frédéric Plan.

photo_1288160600012-2-1.jpg
à Saint-Herblain (Photo : Frank Perry)

“Il reste environ 4.000 stations signalées fermées ou en rupture d’approvisionnement”, estimait pour sa part Franck Ibled, fondateur de Carbeo.com, l’un des sites devenus le point de ralliement des automobilistes en quête de carburant. “On est plutôt sur une tendance baissière”, a-t-il précisé à l’AFP.

Un autre site, Zagaz, faisait état de 30% des stations encore en manque d’un ou plusieurs carburants mardi soir, avec des points rouges en Champagne-Ardenne, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Ile-de-France et Haute-Normandie.

La France compte un peu plus de 12.300 stations-service au total.

Du côté des dépôts, quatre d’entre eux (sur 213 en France) ont fait l’objet d'”opérations sporadiques de blocage” mardi matin, a indiqué le président de l’Ufip, sans préciser lesquels.

“On se prépare à assurer le service maximum pour les départs du week-end” de la Toussaint, durant lequel la consommation de gazole est traditionnellement très élevée, a-t-il ajouté.

photo_1288118790989-2-1.jpg
File d’attente de camions-citernes le 26 octobre 2010 devant la raffinerie Total de Donges (Photo : Frank Perry)

Côté stocks, la France respecte toujours son obligation de disposer de 90 jours d’importation de produits pétroliers, malgré l’autorisation donnée aux industriels de puiser dans une partie des stocks stratégiques, selon l’Agence internationale de l’Energie (AIE). “La France ne nous a pas indiqué qu’elle allait passer sous les 90 jours. Donc, pour le moment, nous comprenons que cela n’est pas encore le cas, ce qui est tout à fait possible”, a déclaré à l’AFP Jason Elliott, analyste des politiques d’urgence à l’AIE.

Si la France décidait de passer sous ce seuil, l’AIE ne protesterait pas, a-t-il ajouté, car l’Agence “comprend le besoin” de recourir à ces stocks.