ère allemande Angela Merkel, le 27 octobre 2010 à Berlin (Photo : Odd Andersen) |
[27/10/2010 12:45:04] BRUXELLES (AFP) L’Allemagne et la France vont avoir toutes les peines jeudi au cours d’un sommet à convaincre l’UE d’accepter un changement risqué de traité pour éviter de nouvelles crises en zone euro, via un Fonds de sauvetage permanent des pays et une discipline budgétaire renforcée.
Les chefs d’Etats et de gouvernement européens se réunissent en sommet à Bruxelles à partir de 15H00 GMT jeudi et jusqu’à vendredi midi.
La partie s’annonce difficile pour Paris et Berlin. Les deux pays veulent faire accepter par leurs partenaires un compromis controversé conclu la semaine dernière entre le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel.
Berlin a obtenu le soutien de Paris pour demander de modifier d’ici à 2013 le traité de Lisbonne, moins d’un an après la mise en oeuvre de ce texte dont l’accouchement avait déjà duré dix ans au total.
Le couple franco-allemand en fait une condition pour pouvoir pérenniser sous une nouvelle forme un Fonds de soutien financier en cas de crise aux pays de la zone euro. Ce dernier a été mis en place au printemps pour trois ans à la suite des difficultés de la Grèce.
Il faut pour ce mécanisme un cadre qui soit “juridiquement inattaquable, et cela ne marchera qu’avec des modifications des traités”, a martelé mercredi à Berlin la chancelière. Elle redoute sinon de se faire censurer par sa Cour constitutionnelle car le traité actuel de l’UE n’autorise pas qu’un Etat de la zone euro soit sauvé de la banqueroute par ses partenaires.
La révision de traité doit aussi servir à introduire des “sanctions politiques” contre les Etats laxistes en matière budgétaire, qui seraient privés de droits de vote lors des réunions européennes.
Mais les critiques enflent contre l’attitude de Paris et Berlin. Car de nombreux pays jugent politiquement trop risqué de se lancer dans un nouveau changement de traité.
ésident de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, le 18 octobre 2010 à Luxembourg (Photo : Georges Gobet) |
Le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, a qualifié d'”inacceptable” leur proposition commune, dans une interview à paraître jeudi dans Die Welt. Il refuse de poser un changement de traité comme postulat de départ, même s’il ne l’exclut pas à terme si vraiment nécessaire.
Une autre Luxembourgeoise, la vice-présidente de la Commission européenne Viviane Reding, déjà en première ligne pour critiquer la politique de la France sur les Roms, a été particulièrement virulente.
“A mon avis ce serait irresponsable d’ouvrir la boîte de Pandore” du changement de traité, a-t-elle lancé mercredi.
Face à la controverse, Mme Merkel a reconnu qu'”un accord franco-allemand n’est pas encore tout en Europe”. “Mais il est aussi vrai que sans un accord entre la France et l’Alllemagne pas grand chose n’est possible”.
D’autres pays européens, comme la République tchèque, ont fait part de leurs réserves concernant une révision du traité, qui suppose l’accord unanime des 27 pays de l’UE.
Quant à l’idée de suspendre les droits de vote, il paraît exclu dans l’immédiat qu’elle puisse être retenue, selon des diplomates.
Les dirigeants européens devraient jeudi dans l’immédiat valider un accord trouvé la semaine dernière par leurs ministres des Finances.
Il prévoit de renforcer dès maintenant la discipline budgétaire des Etats pour tirer les leçons de la crise grecque, grâce à de nouvelles sanctions financières qui seront cependant moins automatiques que prévu initialement.
D’autres sujets moins conflictuels seront à l’ordre du jour. Les dirigeants européens devraient notamment s’entendre pour exhorter le monde à “éviter” une guerre des monnaies, dans la perspective du sommet du G20 les 11 et 12 novembre à Séoul.
Ils devraient par ailleurs adopter une position commune sur le climat, avant les négociations internationales en décembre à Cancun (Mexique).