é Socrates à Lisbonne, le 29 septembre 2010 (Photo : Francisco Leong) |
[27/10/2010 21:03:11] LISBONNE (AFP) L’échec des négociations budgétaires entre le gouvernement minoritaire portugais et l’opposition de centre-droit a relancé mercredi l’incertitude sur l’adoption d’un programme d’austérité sans précédent pour l’an prochain, censé apaiser les marchés financiers.
Contre toute attente, le gouvernement socialiste de José Socrates et la principale formation d’opposition ont rompu le dialogue au cinquième jour des négociations sans parvenir à un accord garantissant l’adoption de la loi de finances pour 2011, qui doit être votée au parlement mercredi prochain.
Le Parti social-démocrate (PSD, centre-droit) n’a pas précisé si la rupture des négociations entraînera ou pas un rejet du budget, appelant plutôt le gouvernement à “revoir sa disponibilité à accepter les propositions du PSD” jusqu’à mardi.
“La Commission politique du PSD a décidé d’attendre jusqu’à la veille du vote en première lecture du projet de budget 2011 que le gouvernement démontre la volonté d’abandonnner sa position d’intransigence”, a annoncé le secrétaire général du parti Miguel Relvas, lors d’une déclaration diffusée mercredi soir par les journaux télévisés.
Le gouvernement, minoritaire au parlement depuis les législatives de l’an dernier, a au moins besoin de l’abstention des sociaux-démocrates pour faire adopter le texte, les autres partis d’opposition ayant déjà fait savoir qu’ils voteraient contre.
En fin de matinée, le négociateur en chef nommé par le PSD Eduardo Catroga avait annoncé la fin des conversations avec le pouvoir socialiste en raison de “la position inflexible du gouvernement”.
Le PSD réclamait un effort de redressement budgétaire axé davantage sur la réduction des dépenses de l’Etat et une moindre hausse de la charge fiscale. Mais ces propositions ont été rejetées par le gouvernement.
“Oui, je suis inflexible. Le déficit doit être de 4,6%” du PIB l’an prochain, contre 7,3% attendu cette année, a affirmé le ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos, arguant ne pas pouvoir “accepter les exigences du PSD sans remettre en cause l’objectif de réduction du déficit”.
Face aux inquiétudes de Bruxelles et des marchés financiers sur la capacité du Portugal à respecter ses engagements budgétaires, le gouvernement a présenté à la mi-octobre un budget d’austérité marqué par une baisse des salaires et des aides sociales ainsi qu’une hausse des impôts.
Alors que les investisseurs semblaient en début de semaine rassurés par la proximité d’un accord, la rupture des négociations a immédiatement fait monter en flèche les taux d’intérêt portugais à 5,770% (+26 points de base).
A cette crise financière pourrait s’ajouter une crise politique car José Socrates avait laissé entendre fin septembre qu’il pourrait démissionner si son budget était rejeté.
Dans ce contexte, le président de centre-droit Anibal Cavaco Silva a convoqué pour vendredi prochain une réunion du Conseil d’Etat, organe consultatif, afin d’aborder “le budget pour 2011 et la situation politique”.
De son côté, le président de la Commission européenne et ancien Premier ministre de centre-droit portugais José Manuel Barroso s’est dit “inquiet” de savoir que les négociations budgétaires avaient échoué.
“Je n’ai pas encore perdu espoir, car je sais que le vote au parlement aura lieu dans quelques jours. J’espère par conséquent que la question sera réglée pour le bien du Portugal”, a-t-il toutefois indiqué depuis Bruxelles.