Le classement des universités tunisiennes à l’échelle tant régionale qu’internationale n’a pas arrêté de susciter des remous ces derniers mois. La remise en question de la qualité de l’enseignement supérieur est devenue quasi-journalière. Ce qui est tout à fait naturel lorsque l’on sait que l’intérêt pour les études revêt une importance particulière dans un pays où une partie importante du PIB est consacrée aux départements de l’éducation et de l’enseignement supérieur.
A titre d’information, le palmarès mondial au niveau du classement des universités verse généralement à l’avantage des universités anglo-saxonnes. Les universités francophones ne sont pas les mieux nanties, même si, parmi elle, les canadiennes peuvent se prévaloir d’un classement honorable à l’international.
Le classement dépendrait, entre autres, de l’importance de la taille des établissements, de la composante recherche, de la qualité de l’enseignement et même, dans certains cas, dont celui de Shanghai, du nombre d’enseignants ayant reçu le prix Nobel.
La méthodologie et les critères pour le classement des universités changeraient d’une organisation de notation à l’autre, le rang décerné change également suivant les critères. Un critère reste toutefois absent, celui de la gratuité et de l’accès aux études universitaires dans des pays comme le nôtre, et ceci indépendamment de la qualité de l’enseignement, certes important. Dans un pays comme les Etats-Unis, il n’est pas évident de pouvoir suivre un cursus haut de gamme si on n’en a pas les moyens (financiers).
Dans un article écrit récemment à propos des différents classements des universités, par Pr Mohamed Hédi Zaiem, conseiller du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et président du Comité national d’évaluation de l’enseignement supérieur, il paraîtrait que certains d’entre eux souffrent de nombre d’insuffisances quant à la qualité même d’évaluation des universités et des méthodes employées. Il est, en effet, peu probable que des évaluateurs vérifient de visu et en salles de cours les performances des enseignants dans toutes les universités du monde, il est même pratiquement et matériellement impossible de le faire. Qui évalue qui ? Qui classe qui ?
Il existe différents types de classement, répond M. Zaiem. Celui, par exemple, espagnol de Webometrics qui juge la présence des institutions universitaires sur le Web et qui a été très mal accepté en Afrique puisqu’uniquement deux universités tunisiennes y ont figuré parmi la centaine d’universités africaines et les 12.000 mondiales. Il n’empêche, il faut reconnaître la faiblesse de la présence de nos universités sur le net. Ce qui s’expliqueparce que chaque institution a son propre site alors qu’il aurait mieux fallu que toutes les institutions soient placées sous l’étendard du site de l’Université comme ce qui se passe ailleurs.
Le classement de Shanghai, réalisé par l’Institut d’enseignement supérieur de l’Université de Shanghai et qui comprend les plus grandes institutions universitaires placées selon des critères rigoureux, vise à énumérer les meilleures universités en toute indépendance et crédibilité. Le but de ce classement, rappelons-le, est de juger du rang des universités chinoises et rattraper le gap entre elles et les meilleures à l’échelle planétaire.
Parmi les éléments pris en compte dans ce classement, les prix Nobel et les médailles Fields en mathématiques ainsi que le degré d’efficience académique qui prend en considération la taille de l’institution. On reprocherait à ce classement son inclinaison pour l’enseignement anglo-saxon et l’importance qu’il accorde à la recherche scientifique alors qu’on ne peut restreindre le rôle et la qualité de l’enseignement universitaire à la recherche uniquement.
Pourquoi nos universités sont-elles mal classées ?
Parce que, répond Pr Zaiem, le classement de Shanghai, à titre d’exemple, distingue les pays puissants économiquement et plus peuplés que d’autres et leur accorde automatiquement les premières places. Selon certains experts, si l’on reconsidérait les critères adoptés en prenant en compte la taille des pays, les USA, qui occupent traditionnellement la première place, reculeraient de manière significative. Les pays nordiques seraient mieux placés qu’eux.
D’autre part, ce qui est à l’origine du mauvais classement des universités tunisiennes, c’est, entre autres, le fait que les publications sont publiées au nom de la faculté ou de l’institut au lieu d’être diffusées au nom de l’Université, ce qui représente un éparpillement des efforts qui ne profite à personne dans notre pays.
En 2008, les chercheurs appartenant à l’Université de Sfax ont publié 1.383 études scientifiques dans des revues spécialisées et classées, sans citer le nom de l’Université, alors que les chercheurs de l’Université du Roi Fahd ont publié seulement 831 études, ce qui a permis de mettre leur institution relativement en bonne place dans le classement de Shanghai par rapport à d’autres universités arabes.
Toutefois et malgré les carences observées au niveau des classements internationaux, assure le président du Comité national d’évaluation de l’enseignement supérieur, le ministère leur accorde un intérêt notable et estime qu’ils représentent une référence qui devrait inciter nos institutions universitaires à mieux s’investir dans l’amélioration de leurs performances et mieux se distinguer à l’international.
Mais il n’y a pas que le ministère qui s’intéresse à ces classements, le large public dans notre pays leur accorde une importance de plus en plus accrue à voir la couverture médiatique effectuée à chaque fois qu’un classement tombe. Ce qui dénote de l’intérêt donnée à la qualité de l’enseignement universitaire dont les répercussions sont immédiates sur les chances d’un diplômé d’avoir un emploi ou de ne pas en avoir.