C’était comme si le drapeau de la Chine flottait au centre de la table ronde
organisée il y a quelques jours par Gordon Gray, l’ambassadeur US en Tunisie.
Chaque parole, chaque réponse, chaque commentaire… était subtilement enveloppé
dans le parfum de l’Empire du Milieu alors que nous venons d’apprendre que neuf
ambassadeurs US (dont M. Gray) travaillant dans la région arabe viennent de
faire une tournée pour donner un nouveau souffle aux échanges entre les
Etats-Unis et ces neuf pays, dont la Tunisie.
Car la région arabe est de plus en plus liée à la Chine qui fait de la haute
intelligence (en créant des liens et des relations avec tout ce qui a de
l’intérêt) et de la haute séduction (en offrant gracieusement son aide et… en
la donnant vraiment), en plus de l’avantage radical de n’être impliquée dans
aucune guerre intéressant de près ou de loin les pays arabes.
En vérité, d’innombrables analystes américains n’ont pas cessé, au cours des
dernières années surtout, de dire à leur administration que les Chinois
gagnaient du terrain à vue d’œil et s’établissaient durablement à demeure avec
le but de devenir un interlocuteur naturel à tous les niveaux tout en prenant
patiemment leur temps avant de s’imposer comme vis-à-vis naturel au niveau
politique ; le dernier enjeu qui fait front au Français, bien sûr, mais
essentiellement aux Américains.
Une sorte de délocalisation de la bataille des changes qui bat aujourd’hui son
plein et qui met le dollar à mal avec un yuan svelte qui se faufile partout.
Mais aussi une prise de position avant l’autre bataille qui s’annonce autour des
Terres Rares, ces métaux exceptionnels qui sont indispensables pour les hautes
technologies et dont les 90% de la production mondiale sont assurés par les
Chinois qui font ainsi la pluie et le beau temps.
A la lumière de cette présence chinoise, l’initiative des USA d’une montée en
puissance de leurs échanges avec ces neuf pays arabes, dont la Tunisie, semble
bien bénigne. Mais, comme toujours, les Américains commencent par envoyer des
ballons d’essai dans l’air avant d’envoyer les porte-avions dans la corrida !