La querelle du budget de l’UE s’invite au sommet de Bruxelles

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à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

[29/10/2010 06:09:22] BRUXELLES (Belgique) (AFP) La querelle autour du budget de l’UE s’est invitée jeudi à un sommet européen sous la pression de la Grande-Bretagne, qui juge “inacceptable” les hausses prévues l’an prochain par Bruxelles et les eurodéputés, au moment où l’Europe se serre la ceinture.

A l’occasion de ce sommet principalement consacré à la stabilité financière de l’UE, le Premier ministre britannique David Cameron a lié son accord à un changement du traité de Lisbonne au principe d’une hausse limitée du budget européen, selon une source diplomatique.

Le budget s’est élevé en 2010 à 123 milliards d’euros de paiements. La Commission européenne a proposé pour 2011 une hausse de 5,8% et le Parlement européen a voté une hausse encore plus forte de 6,2%.

“Inacceptable”, a jugé jeudi M. Cameron, “à un moment où les pays européens, y compris le Royaume-Uni, prennent des décisions rigoureuses” pour leurs finances.

Les Etats membres de l’UE n’ont accepté à ce jour qu’une hausse de 2,91%.

Initialement partisan d’un gel du budget, le dirigeant conservateur britannique, lui-même sous pression après avoir annoncé des coupes budgétaires draconiennes au niveau national, a obtenu jeudi de onze pays l’engagement de ne pas aller au-delà de 2,91% dans les difficiles négociations de conciliation qui ont commencé mercredi avec les eurodéputés.

Dans une déclaration conjointe, les onze Etats – Royaume-Uni, France, Allemagne, Pays-Bas, Suède, République tchèque, Danemark, Autriche, Finlande, Slovénie et Estonie – stipulent: “Nous ne pouvons accepter plus”.

La question a fait l’objet d’un débat “animé” au début du sommet, ont confirmé plusieurs diplomates.

“Le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a accusé M. Cameron d’être anti-européen”, rapporte l’un d’eux.

Ce à quoi M. Cameron aurait rétorqué que ses coupes dans le budget de la police britannique ne faisaient pas de lui un “anti-police”. Et Mme Merkel a ensuite répliqué que ses propres coupes dans le budget allemand ne la rendaient pas “anti-allemande”.

Les onze pays forment une minorité de blocage. La présidence belge de l’UE a pris “acte” de leur démarche.

Dans une déclaration séparée, la présidence belge affirme néanmoins qu’elle n’aura “aucune conséquence sur la position du Conseil”, qui représente les 27 Etats, “dans la procédure en cours” avec le Parlement. Et la Belgique de continuer “à faire le maximum pour arriver à un accord” dans les jours à venir.

Sous la pression de M. Cameron, la déclaration finale du sommet inclura une phrase selon laquelle “il sera essentiel que le budget de l’UE et les perspectives financières multi-annuelles reflètent les efforts des Etats” en matière de lutte contre les déficits et la dette.

Ce bras de fer ne fait qu’augurer des difficiles négociations qui s’ouvrent à propos du prochain budget pluri-annuel de l’UE (2014-2020), dont Londres souhaite une réduction drastique.

Si M. Cameron a pu compter sur le soutien de Paris et de Berlin sur le budget 2011, ses deux partenaires refusent de soutenir la réduction drastique qu’il réclame pour les fonds de la Politique agricole commune (PAC).

“M. Cameron n’a qu’à renoncer au rabais britannique, ça serait déjà une possibilité de réduction du budget européen”, a ironisé en marge du sommet le chef du groupe socialiste au Parlement européen Martin Schulz, en référence au “chèque” obtenu dans les années 1980 par Margaret Thatcher, qui arguait que son pays ne bénéficiait pas assez de la PAC.

Selon M. Schulz, les hausses votées par les eurodéputés “ne sont qu’une conséquence des décisions des Etats eux-mêmes”, qui ont par exemple décidé de créer un nouveau Service diplomatique européen et souhaitent à présent “faire plus d’Europe avec moins d’argent”.