«La Tunisie est désormais un pays émergent comme la Chine, l’Inde et l’Indonésie, même si la taille n’est pas la même», indique Pascal Lamy, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, lors de la conférence de presse tenue le 28 octobre 2010 à l’UTICA. «Votre pays a choisi de s’intégrer dans l’économie mondiale et il a su en tirer les bénéfices. Certes, il y a des ajustements à faire dans certains secteurs mais je vous avoue que si j’avais 153 clients comme la Tunisie à l’OMC, ma vie serait plus simple», ajoute-t-il.
Dans le cadre de sa visite, Pascal Lamy a participé à la 5ème conférence économique africaine, le 27 octobre 2010. Il s’est, ensuite, entretenu avec le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, et le ministre du Commerce et de l’Artisanat, Ridha Ben Mosbah, le 28 octobre 2010. Il a été également accueilli au CEPEX et à l’UTICA pour rencontrer des hommes d’affaires tunisiens.
Concernant l’économie mondiale, M. Lamy a indiqué que la crise a été causée par un défaut de régulation nationale et internationale appropriée de l’industrie financière, qui a contaminé le reste de la planète. «Plus le système est sophistiqué, plus il a été contaminé. Ce n’est pas l’ouverture des échanges qui est en cause», explique-t-il.
Concernant la Tunisie, il a affirmé qu’elle a été moins touchée parce qu’elle a montré certaines souplesses dans son système financier. «Pour un pays si dépendant des exportations, la Tunisie s’en est bien sortie. Certes, il y avait quelques difficultés surtout pour le secteur textile et habillement, en raison de la baisse de la consommation en Europe, mais il y avait en même temps un certain rapatriement au niveau de la fabrication», rétorque-t-il.
Interrogé sur les négociations de Doha, il a indiqué qu’il reste encore des ajustements à faire qui nécessitent un consensus politique pour entamer la phase finale de ces négociations, surtout en ce qui concerne le différend entre la Chine et les Etats-Unis d’Amérique. Il a insisté sur le rôle du FMI dans la régulation, en lui donnant de plus grandes prérogatives, soit un rôle de monitoring et de coaching, ce qui aura des répercussions sur le taux de change.
Concernant le commerce international, M. Lamy a affirmé qu’il y a une reprise. Après un taux les -12% enregistrés en 2009, la reprise se confirme avec +13% en 2010. Une remontée due à la reprise de la demande et de l’offre. «On ne sent plus de constriction au commerce. Le système est resté ouvert», observe-t-il, en estimant que la meilleure façon de continuer dans cette direction est de finir les négociations multilatérales.
Pour ce qui est des perspectives du commerce international, «je ne sais pas!», lance-t-il. «En moyenne, sur les dix dernières années, on a eu un multiplicateur PIB de 5 à 6% sur le commerce. Il y a de plus en plus de services et de produits qui sont multilocalisés ; ce qui fait tourner à fond les échanges commerciaux. Mais je vous dis que tout dépend de la localisation de la production qui constitue, d’ailleurs, un avantage pour le commerce international».