Depuis le 27 jusqu’à aujourd’hui 29 octobre 2010 se tient à Tunis la 5ème
Conférence économique africaine, tenue sous le thème: «Établir un plan d’action
pour la relance économique et la croissance à long terme de l’Afrique», et co-organisée
par la Banque africaine de développement (BAD), la Commission économique des
Nations Unies pour l’Afrique (CEA), le Programme des Nations unies pour le
développement (PNUD) et la Banque de développement de l’Afrique australe (DBSA).
A l’ouverture des travaux de cette conférence, “Partenariat“ et “coopération“
sur les lèvres des orateurs. Mais pas seulement, puisque, selon le site de la
Banque africaine de développement –qui organise cette rencontre-, les
conférenciers “ont également exprimé une certaine prudence sur les programmes
d’austérité et de réduction des dépenses par les gouvernements occidentaux au
lendemain de la crise économique mondiale, notant que cela pourrait globalement
nuire aux perspectives économiques prometteuses de l’Afrique“.
D’un autre côté, la Banque souligne qu’un “consensus s’est dégagé autour de la
nécessité, pour les pays africains, d’être moins tributaires des produits de
base pour la croissance et le bien-être économiques“. De ce fait, “les
intervenants ont indiqué que les pays africains doivent diversifier leurs
économies par des produits et services à valeur ajoutée tels que les banques,
les communications et le tourisme; un processus déjà en cours“.
Le Président de la BAD, Donald Kaberuka, a indiqué dans son allocution
d’ouverture que «la Conférence était, à ses débuts, un événement essentiellement
porté par la BAD, mais que, depuis lors, une merveilleuse coalition de
partenaires s’est tissée autour de l’événement, qui est désormais reconnu comme
le premier forum de débat stratégique sur les économies africaines».
M. Kaberuka fera remarquer que continent africain «a connu, au cours de la
dernière décennie, une progression particulièrement forte que la crise a quelque
peu freinée, mais pas inversée. Cet élan explique le fait que la récente
croissance de l’Afrique ait été plus largement répartie, avec des taux élevés
enregistrés aussi bien dans les pays où les exportations sont axées sur les
ressources naturelles que dans ceux dont les exportations reposent sur d’autres
produits».
A ceux qui seraient tentés de justifier cette croissance par la demande de
pétrole, de gaz et de produits de base, le président de l’institution africaine
admet certes que cela a joué un rôle important, mais «elle n’a pas été un
facteur déterminant».
Dans cette optique, cependant, M. Kaberuka a indiqué que, dans ce contexte,
écrit la BAD, «il était important de reconnaître les différents voies et moyens
d’atteindre les objectifs de développement économique et social des pays
africains. Nous n’avons besoin ni du Consensus de Washington, ni du Consensus de
Beijing, ni même d’un Consensus africain, car la diversité des pays africains
impose des approches et des chemins distincts pour atteindre le même objectif.
Il y a autant de chemins que de pays», a-t-il ajouté.
Sur la croissance économique des pays africains, le secrétaire exécutif de la
CEA, Abdoulie Janneh, observe que «les taux actuels n’étaient pas suffisamment
élevés pour faire reculer la pauvreté à court terme. En outre, ces taux étaient
menacés par le resserrement économique et financier dans les pays occidentaux,
qui s’est traduit par une contraction de la demande mondiale. Le risque d’une
récession à double creux et d’une réduction de l’aide si nécessaire aux pays
africains a également figuré parmi les autres préoccupations».
Il soulignera par ailleurs que, «même si la taille de la population et de
l’économie de l’Afrique était comparable à celle de la Chine et de l’Inde, il
convient de ne pas perdre de vue que l’Afrique fait face à plusieurs défis tels
que les frontières, la diversité des politiques et la différence des systèmes
monétaires, parce qu’elle est un continent et non un pays»…
Pour Tegegnework Gettu, directeur du bureau régional du PNUD pour l’Afrique, la
création d’emplois, le développement agricole et l’autonomisation des femmes
devraient être au cœur des programmes futurs. Il a reconnu l’imminence de
l’horizon fixé pour les OMD, plus que cinq ans, en rappelant que le temps
commence à manquer et que nous devons redoubler d’efforts.
Pour le Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, la crise est derrière
nous, mais que ses conséquences continuaient de nous toucher. Il a également
rappelé les risques liés aux mesures d’austérité, indiquant l’augmentation des
impôts pourraient entraîner une contraction de la demande et une baisse du taux
de croissance.
Le Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, a
rappelé à quel point la Conférence économique africaine était devenue importante
pour le débat économique africain et mondial, en quelques années seulement.