La Tunisie ne se suffira pas du rôle de simple importateur d’équipements et de savoir-faire en matière d’énergies renouvelables; elle est décidée à passer au stade d’Etat producteur de technologies, de valeur ajoutée et d’exportateur de compétences et de savoir-faire. Tout cela se fera progressivement par le biais de la formation et des partenariats à l’échelle régionale mais aussi internationale, a assuré Mohamed Ghannouchi, à l’ouverture de «Tunisia Solar International Conference», organisée les 29 et 30 octobre à Tunis.
Mais tout d’abord, un double objectif a été fixé par le gouvernement tunisien d’ici 2030: 40% d’économie d’énergie et 40% d’énergies renouvelables. En 2016, déjà, on envisage 24% d’économie d’énergie, ce qui se traduit par 3 millions de TEP et 1.000 MW d’énergies renouvelables, ce qui correspond à 16% de la capacité de production réalisée d’ici là, a précisé Afif Chelbi, ministre de l’Industrie et de la Technologie à l’occasion.
Pour atteindre ces objectifs, un impératif: développer la recherche scientifique afin de trouver les meilleures formules aptes à rendre les coûts des nouvelles énergies plus abordables. Le coût des installations et des équipements représente, à ce jour, un sérieux obstacle au développement de l’usage des énergies renouvelables.
Huit industriels tunisiens fabriquent actuellement les chauffe-eaux solaires, avec un taux d’intégration de l’ordre de 80%, ainsi que 1.000 installateurs. D’autre part, 33 entreprises opèrent dans l’installation de panneaux photovoltaïques. Concernant l’éolien, les entreprises locales participent dans la réalisation du parc de 200 MW en construction à Bizerte avec un taux d’intégration de 43%. Espérons que ce sont là, les signes d’une
«L’Etat a mis en place tout un programme d’incitations y compris des subventions pour encourager les ménages et les opérateurs privés à économiser l’énergie par l’utilisation d’équipements peu voraces en énergie mais également en recourant aux énergies renouvelables dont l’éolien et les chauffe-eaux solaires. Les personnes morales ou physiques désireuses de se munir de matériaux pour la production des énergies renouvelables peuvent recourir à la STEG via sa filiale «STEG Energies renouvelables» qui devrait, pour les 5 prochaines années, superviser la réalisation de 1.000 MW de renouvelable.
Arriver à une densité énergétique de 268 tep en 2016
«L’énergie est un secteur de dimension stratégique, il est indispensable pour le développement économique. Sans énergie et sans eau, il n’y a pas de vie. Notre objectif est donc de renforcer la recherche de nouvelles ressources énergétiques fossiles et encourager le recours aux énergies renouvelables», a assuré Mohamed Ghannouchi.
Les investissements ont été donc poussés vers plus de recherche et plus de prospection d’autant plus que grâce aux nouveaux modes et technologies de prospection on peut accéder à de nouvelles ressources gazières ou pétrolières. La Tunisie a tenu à développer les cadres réglementaires et juridiques en la matière pour faciliter la prospection et le forage pétrolier.
Aujourd’hui, 54 autorisations de prospection pétrolière ont été accordées et près de 30 puits, on et offshore, sont productifs alors qu’ils étaient tout juste 14 en 2005. Non pas que la Tunisie soit un grand pays producteur en énergies fossiles, le but étant surtout d’exploiter les ressources en pétrole et gaz pour répondre aux besoins sans cesse croissants du pays.
Ceci n’empêche pas la Tunisie de déployer des efforts considérables pour économiser la densité énergétique qui était de 420 TEP et qui est aujourd’hui de 309 TEP pour chaque 1.000 DT. A ce propos, les estimations pour 2030 en densité énergétique sont de l’ordre de 200 tep pour 268 tep en 2016.
«Nous croyons que la densité énergétique reste assez forte et c’est pour cela que nous exigeons des entreprises la déclaration de la quantité d’énergie consommée», a indiqué le Premier ministre.
Nombre d’entreprises industrielles ont pu réduire leur consommation énergétique de près de 30% grâce au recours aux énergies renouvelables.
La Tunisie consomme aujourd’hui près de 55 mégawatts d’énergie renouvelable, principalement éolienne, c’est-à-dire moins de 2% de notre taux de consommation de l’électricité. On envisage d’ici la fin de l’année, grâce à l’entrée en production de la centrale de Bizerte, d’atteindre les 144 mégawatts et en 2016 les 1.000 mégawatts entre éolien et solaire.
La production en énergies renouvelables peut atteindre dans les prochaines années les 4.700 mégawatts dont 1.700 solaire, 1.800 éolien. Soit plus de 40% de nos besoins en électricité.
Dans le but d’appuyer ses politiques de recherches et d’accéder au savoir ainsi qu’aux financements, la Tunisie a renforcé ses partenariats à l’international grâce à sa participation à des initiatives telles Desertec qui a engendré la naissance de Desertec University Network dont le siège est à Tunis, Transgreen, Nedo et a suscité l’intérêt des bailleurs de fonds tels l’AFD, la GTZ, la JAICA, la Banque mondiale, la BEI ainsi que la BAD.
La Tunisie se veut un hub des énergies renouvelables en Méditerranée et en Afrique, à travers cette manifestation internationale à laquelle ont participé des intervenants maghrébins, arabes, européens et internationaux, elle a d’ores et déjà déclenché son plaidoyer pour s’imposer sur le plan régional.