Nous avons rencontré M. Pascal Lamy, DG de l’Organisation mondiale du commerce
(OMC) alors qu’il venait de passer une longue journée à Tunis. Après une
contribution active à la 5ème Conférence économique africaine organisée par la
BAD, il a rencontré de nombreux officiels tunisiens pour discuter de toutes
sortes de dossiers. Et c’est donc en fin de journée qu’il a rencontré les
journalistes.
C’est peut-être pour cela que sa réponse à l’interrogation la plus importante de
la rencontre n’a pas été vraiment convaincante. Une question sur la quasi guerre
des changes entre Chinois et Américains, entre autres.
Quelle est la position de l’OMC vis-à-vis de la Chine alors que la valeur encore
trop forte du yuan, sa monnaie, est en train d’avoir des conséquences
commerciales graves, non seulement sur les Américains et les Européens, mais
aussi sur les pays émergents (comme la Tunisie) qui ont avec ces deux blocs des
relations vitales? Car il faut dire que M. Lamy a tenu à annoncer, au début de
la rencontre, la confirmation de l’OMC du statut de pays émergent de la
Tunisie…
En réponse, M. Lamy s’est un peu lavé les mains de tout cela, envoyant le ballon
tout de suite dans le camp du
Fonds monétaire international, avec le ton
académique qu’il faut, comme pour nous suggérer que nous n’avons pas compris
cette énième crise. Et de nous répéter ce que chacun peut lire depuis des mois
sur les attentes du G20 en Corée, sur la différence entre commerce et
macroéconomie…
Il s’est un peu repris pour souligner que l’un des problèmes de cette affaire
difficile était que les Américains consomment trop et n’épargnent pas assez et
que les Chinois, au contraire, épargnent trop et ne consomment pas assez! Il
fallait peut-être commencer par là et abonder dans un sens qui signifie au
public que l’OMC comprend très bien qu’une quelconque guerre des changes a très
nécessairement les plus grandes répercussions commerciales sur tous ceux
impliqués de manière directe et indirecte.