La décision prise par les autorités de taxer dorénavant la plus-value découlant
de toute cession de titres intervenant avant l’écoulement d’une année après
celle de leur acquisition a-t-elle été provoquée par l’entrée-sortie éclair de
certains fonds d’investissement au capital d’Ennakl Automobiles et de Carthage Cement, lors de leur introduction en Bourse ? Certains le pensent et appellent Ã
ce que les intermédiaires en Bourse prennent dorénavant des dispositions avec
leurs clients étrangers pour éviter que cette situation se répète.
Bourse émergente, la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis (BVMT) suscite un
intérêt croissant parmi les investisseurs étrangers –dont en particulier les
fonds- depuis le début de la décennie en cours. Cet engouement pour la place de
Tunisie décline depuis deux ans. Selon le rapport 2009 de la BVMT, les
acquisitions des titres de capital des sociétés cotées par les investisseurs
étrangers ont atteint, durant l’année écoulée, 137 millions de dinars, soit 8%
du total des échanges, le nombre de titres détenus par les étrangers s’est
établi à 19,51%, et la capitalisation boursière détenue par ces investisseurs
s’est élevée à 2.681 MDT, soit 21,92% du total. Toutefois, même s’ils réduisent
leur présence, les investisseurs étrangers ne claquent pas la porte de la BVMT.
Si elle contribue à la renommée d’une Bourse, cette présence peut être une
source de menaces de déstabilisation en raison de leur propension à spéculer et
à ne pas détenir trop longtemps les titres acquis.
Cette propension à vendre rapidement un paquet d’actions en réalisant une
plus-value consistante s’est vérifiée à plusieurs reprises en Tunisie au cours
des deux dernières années. Le premier désengagement spectaculaire s’est produit
dans la foulée de l’introduction en Bourse de Poulina Group Holding (PGH), en
juillet 2008, à l’initiative d’un fonds d’investissement qui a cédé les titres
détenus deux semaines seulement après leur acquisition.
Un remake de ce scénario a été observé plus récemment à deux reprises, Ã
l’occasion de l’introduction en Bourse d’Ennakl Automobiles et de
Carthage Cement.
Dans ces deux cas, on a assisté à des cessions de blocs de titres, encore une
fois par des fonds d’investissements, dont une trois jours seulement après leur
achat à l’occasion de l’introduction. L’opération a porté sur le titre de
Carthage Cement, la cimenterie développée par Belhassen Trabelsi et Lazhar Sta.
Ces sorties rapides sont-elles à l’origine de la décision prise par les
autorités de taxer dorénavant la plus-value découlant de toute cession de titres
intervenant avant l’écoulement d’une année après celle de leur acquisition?
Certains le pensent et ce n’est pas exclu. Mais cette mesure, nécessaire, n’est
pas suffisante, estiment certains intermédiaires en Bourse, lesquels pensent
qu’il leur appartient à eux de faire le nécessaire –imposer des engagements
fermes de non-cession des titres achetés avant une année ou plus- pour éviter
que des investisseurs étrangers ne viennent sur la Bourse de Tunis que dans le
seul but de réaliser une plus-value spectaculaire et éclair.