Le Premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi, a annoncé, récemment, les grandes
lignes d’une nouvelle stratégie visant l’aménagement d’une quinzaine de zones
touristiques, durant la période 2010-2014.
M. Ghannouchi, qui ouvrait la
Consultation nationale sur les résultats de
l’étude stratégique pour le développement du secteur touristique à l’horizon
2016, a précisé que les 16 stations programmées couvriront une superficie totale
de 1.926 hectares, auront une capacité totale de 85.000 lits et seront réparties
entre le balnéaire, le saharien, l’écotourisme et le tourisme de santé.
Ces stations sont en parfaite symbiose avec les objectifs assignés à ce secteur
pour la prochaine étape. Ceux-là mêmes qui consistent à diversifier le produit
touristique, à l’étaler le long de l’année, à en améliorer la qualité et le
rendement, et à promouvoir des produits spécifiques à chaque région.
Néanmoins, cette tendance à améliorer ce qu’on appelle dans la profession «la
territorialisation de l’offre» ne peut réussir qu’à la faveur d’une évaluation
des erreurs du passé.
L’objectif est de mettre fin au «tourisme réfectoire» qui favorise la
«ghettoïsation» des touristes. Plus simplement, il s’agit de développer le
tourisme des régions de l’intérieur et l’implication des communautés locales
dans la gestion du produit.
Selon les conclusions d’études faites à ce sujet: «cela nécessite la mise en
place d’une stratégie de différenciation touristique par la valorisation de
l’espace grâce à une approche touristique identitaire des territoires. Pour ce
faire, il importe d’étudier la faisabilité de la labellisation des régions et
l’organisation des régions autour de “Projets de destination”.
Dans cette perspective, des produits comme le tourisme culturel, l’écotourisme
et le tourisme saharien gagneraient à être boostés.
Par-delà l’effet d’annonce que pourrait générer l’aménagement de nouvelles
zones, il faut reconnaître que, jusqu’ici, l’aménagement touristique a été tout
simplement un véritable fiasco.
«L’aménagement des zones touristiques a toujours privilégié la linéarité en
front de mer en prévoyant des îlots H comme “hôteliers“ mis côte à côte au point
de constituer un véritable rideau de béton entre le front de mer et
l’arrière-zone. Cette philosophie qui perdure jusqu’à nos jours, malgré quelques
timides tentatives d’opérer différemment, est à la base de l’indigence en
matière d’animation touristique et enfonce le clou de la monotypie balnéaire de
l’hébergement», écrit Wahid Ibrahim, ancien directeur général de l’Office du
tourisme tunisien dans son récent livre “le tourisme tunisien, jeux de mots jeux
de maux“.
C’est pour dire que l’heure est désormais à la conception de nouvelles zones
touristiques de qualité. Car, «l’aménagement de qualité conditionne la qualité
du produit final de toute destination», relève encore M. Ibrahim avant
d’ajouter: «un aménagement réussi est celui qui tient compte des critères de
durabilité et réalise le meilleur mix entre un hébergement diversifié, une
animation déclinée sous toutes les formes, l’intégration à la population locale
et la préservation des équilibres écologiques».
Certains aménageurs, comme la Société d’études et de développement touristique
du sud (SODET SUD ) chargée d’aménager la station touristique Lella H’lima,
l’ont compris.
Son directeur général, Yacine Gana, estime que cette station sera la première
station intégrée, du moins la mieux structurée. C’est un ensemble de mini
villages intégrés. Le visiteur-touriste qui y séjournera y trouvera toutes les
composantes d’une nouvelle ville. Les hôtels n’y seront pas conventionnels,
c’est-à-dire des ghettos. Les touristes qui y seront logés seront amenés à se
mêler à la communauté locale de Zarzis.
Ainsi, la superficie consacrée à chaque hôtel ne dépassera pas les 2 hectares et
si jamais la SODET SUD décide d’en accorder davantage, c’est tout juste pour
favoriser l’émergence autour de l’hôtel des résidences individuelles (villas)
pour seniors.
Par ailleurs, la station sera un caiola de verdure. La hauteur du bâti (1+2 ou
+3) ne devrait pas dépasser celle des palmiers. L’objectif est de faire en sorte
que la station soit en harmonie avec son environnement naturel.
Ces concepteurs, en l’occurrence Jalel ABdelkefi, urbaniste, Tarek Ben Miled,
architecte, Ahmed Smaoui, expert en tourisme, et Mahmoud Ben Romdhane,
économiste, en ont décidé. Et c’est une bonne décision.