Une étude réalisée dans le cadre d’un partenariat tuniso-canadien à propos de la
qualité de l’enseignement de base en Tunisie a relevé des insuffisances se
rapportant à la faiblesse du rendement des institutions éducatives, la
prédominance de l’aspect quantitatif dans les programmes scolaires, la faiblesse
des acquis des élèves, la centralisation de la gestion du système éducatif, le
manque de professionnalisme et l’absence d’une culture de l’évaluation.
Sur chacun de ces points, Hatem Ben Salem, ministre de l’Education nationale,
répond avec la conviction de l’homme qui croit en ce qu’il fait, l’humilité de
celui qui rempli une mission et la modestie de celui qui ne fait que suivre une
feuille de route dictée par la magistrature suprême du pays : «Je ne fais
qu’appliquer les recommandations du programme présidentiel». Entretien.
Webmanagercenter: L’éducation a suscité beaucoup d’inquiétude ces dernières
années à cause de ses insuffisances. Comment comptez-vous y pallier?
Hatem Ben Salem: La Tunisie a beaucoup investi dans l’éducation nationale.
Pendant des décennies, nous avons tout mis en œuvre pour faire face au flux
important d’élèves afin de garantir le droit à l’éducation pour tous. L’objectif
essentiel, à l’avenir, c’est de faire en sorte que notre système éducatif
procure une éducation de qualité pour tous comme cela est clairement énoncé dans
le point 14 du programme présidentiel.
En fait, une école, c’est quoi ? C’est une structure dont le rôle, au départ,
est de permettre d’abord aux élèves de lire, écrire et compter. Aujourd’hui, nous
sommes face à des élèves qui traversent tout le cycle du primaire sans être
réellement évalués quant à leur niveau d’apprentissage. En introduisant un
système d’évaluation personnalisé et objectif, notre but est d’améliorer le
niveau général afin de combattre une certaine baisse dans les acquis scolaires.
Il s’agit donc, aujourd’hui, de recentrer l’enseignement sur ses objectifs
premiers, c’est l’objet de la réforme que nous sommes en train de mettre en
œuvre, car nous croyons fermement que TOUT COMMENCE PAR L’ECOLE.
Qu’en est-il de l’absence d’un système qui permet d’évaluer les compétences des
cadres enseignants et des élèves?
Nous sommes aujourd’hui en train de revoir un certain nombre de choses après
avoir diagnostiqué une faiblesse de niveau qui n’est pas acceptable au vu des
investissements de l’Etat. Avec le Danemark, nous sommes le seul pays au monde
qui consacre 7,5% du PIB à l’éducation. Nous investissons 17% du budget de
l’Etat dans l’éducation qui a le plus important budget, la plus grande masse
salariale, le plus grand nombre de fonctionnaires, entre instituteurs,
professeurs, inspecteurs et surveillants. Il n’est donc pas admissible qu’autant
de moyens humains et financiers aboutissent à des résultats en deçà de nos
attentes surtout dans le primaire.
L’idée était, tout d’abord, d’en connaître les causes. Nous avons donc, sur
instructions du président de la République, passé toute l’année 2009 à évaluer
la situation de l’éducation et de l’enseignement. Une appréciation scientifique
grâce à la mise en place de comités d’évaluation. Nous avons fait en quelque
sorte les états généraux du secteur en soumettant des questionnaires au corps
enseignant. Nous avons constitué une commission de propositions représentative
de l’ensemble du secteur, y compris les représentants du syndicat du primaire.
Les recommandations qui ont émané de la Commission ont fait l’objet d’un conseil
interministériel sous la présidence du Premier ministre et ont été ensuite
soumises au chef de l’Etat qui a décidé l’adoption de plusieurs d’entre elles
lors du CMR du 20 août 2009.
Quelle en est l’idée maîtresse?
Pour le cycle primaire qui est fondamental, l’idée est de revoir le passage de
classe en fondant l’évaluation de l’élève sur le mérite. Avant, le mérite ne se
quantifiait pas et était soumis à des appréciations générales.
Cette méthode a créé d’importants problèmes d’adaptation chez les élèves,
particulièrement à leur entrée au collège.
Aujourd’hui et selon la nouvelle réforme, il faut que toutes les matières soient
notées, que les moyennes trimestrielles soient calculées et notées. Il sera
possible de comparer les meilleures notes avec les plus mauvaises et la
meilleure moyenne à la plus basse. La moyenne annuelle sera le résultat des
trois trimestres divisés par trois et doit être équivalente à 10. Ce qui
n’empêche pas un sursis selon les cas prévus par la circulaire ministérielle qui
prévoit également le nécessaire respect de la loi qui garantit le droit de
l’éducation jusqu’à l’âge de 16 ans.
Le mérite de cette évaluation est de nous permettre d’avoir une idée exacte sur
le niveau des élèves avant d’accéder à la 7ème année de base.
Sur un tout autre volet et au niveau du contenu du cursus, nous avons décidé de
nous recentrer sur les fondamentaux: la lecture, la dictée, les langues, la
récitation, la rédaction, l’expression écrite, le calcul mental. Ce qui
permettrait à l’élève la maîtrise d’un corpus et d’un socle minimum de
connaissances.
Nous avons, d’un autre côté, réalisé que nos élèves qui ont des prédispositions,
point de vue langues, ne les maîtrisent pas. Nous comptons privilégier
l’apprentissage de la langue arabe. Une langue qui, aujourd’hui, est enseignée
de telle façon que l’enfant en est effarouché. La modernisation des méthodes
d’enseignement de cette langue sont donc à l’ordre du jour. Une commission se
réunira à cet effet.
Le président de la République a décidé l’introduction de la langue française en
2ème année primaire et de l’anglais en 3ème année. Cette décision va outiller
nos élèves vers un meilleur accès au savoir indispensable aujourd’hui pour les
jeunes générations. Sans anglais et sans informatique, il est difficile de nos
jours de faire face à la férocité de la concurrence au niveau mondial et
particulièrement dans les domaines de la connaissance et de l’innovation.
Pour concrétiser ces objectifs ambitieux, il va falloir s’attaquer à un élément
essentiel, celui du corps enseignant. Est-il prêt pour assurer?
C’est également un chantier auquel nous comptons nous attaquer, à commencer par
des formations continues, par plus d’encadrement pour assurer un niveau
acceptable et convenable à nos élèves. Nous sommes actuellement en train de
mettre en place une stratégie pour une formation continue certifiante qui
contribuera à l’amélioration des chances de promotion professionnelle comme cela
est indiqué dans le programme présidentiel. Des formations sont déjà en cours au
profit des enseignants particulièrement pour leur permettre de maîtriser les
TIC.
Qu’en est-il de la dimension étique et morale du corps enseignant?
La question qui se poserait est plutôt, “peut-on couper l’école de son
environnement social? “ . L’école est le miroir de la société. La relation entre
l’enseignant et l’élève a évolué parce que le monde et la société évoluent. Il
faut absolument préserver notre école de tout esprit mercantiliste. Et c’est
pour cette raison que je crois au rôle fondamental de l’Etat dans le domaine de
l’éducation.
De surcroît, en tant que ministère, nous veillons à ce que les enseignants
bénéficient du meilleur statut. Nous prenons position dès que nous sommes
sollicités particulièrement pour les cas de violence contre les enseignants.
Tout élève qui agresse un enseignant est automatiquement exclu de toutes les
institutions scolaires. Les sanctions sont irrévocables et notre saisine de la
justice dans ce genre de cas se fait de façon automatique conformément aux lois
en vigueur.
Par rapport au poids du cartable, y a-t-il eu des décisions de la part du
ministère?
Nous avons publié une circulaire pour que, dans l’enseignement primaire, on
n’exige pas de cahiers de plus de 24 pages et il ne faut pas que le cartable
pèse plus de 2 kg. Si les parents choisissent d’acheter des cahiers à spirales
ou 90, ils en sont seuls responsables.
Par ailleurs, nous sommes en train de faire des inspections pour voir si les
écoles suivent. Quant au parascolaire, il est interdit dans nos institutions.
Nous sommes en train de lutter contre ce phénomène.
Y a-t-il du nouveau quant à la qualité du contenu des programmes dans les écoles
primaires? On voit nombre de matières enseignées mais les résultats ne suivent
pas.
J’ai déjà insisté sur la primordialité de la qualité de l’enseignement à
l’avenir. C’est ce que la réforme présidentielle compte mettre en œuvre. Le
leitmotiv, le mot d’ordre général de la réforme est la qualité des programmes,
des livres scolaires et des prestations à l’école. La mise à niveau et la
formation continue des enseignants se feront à longueur d’année et à vie, ce qui
n’a jamais eu lieu au niveau de ce ministère. Comme je l’ai mentionné, nous
avons mis en place toute une stratégie pour atteindre ces objectifs car un
enseignant non formé ne pourra pas assurer même si on mettait à sa disposition
les meilleurs programmes du monde.
Nous nous sommes, comme cité plus haut, recentrés sur les fondamentaux, nous
procèderons progressivement à l’allègement et la simplification des programmes ;
mais plus important encore, nous allons dans les mois qui viennent et
conformément aux décisions du CMR du 20/102010, nous lancer dans une expérience
pilote que nous espérons réussir. Il s’agit d’un grand challenge pour la mise en
place d’une programmation scolaire qui permettrait aux élèves d’acquérir la
connaissance mais également de s’épanouir dans des domaines essentiels tels que
le sport, la musique, les activités culturelles et artistiques d’une façon
générale.
Mon rêve est qu’un jour -et le plus tôt possible- nous arrivions à faire en
sorte que nos élèves considèrent que l’enceinte éducative leur procure du savoir
et soit en même temps un lieu où ils peuvent s’adonner aux loisirs.
Ces activités existaient auparavant…
Oui et c’était d’autant plus facile, car le nombre d’élèves au siècle dernier ne
dépassait pas les 600.000, aujourd’hui, nous en sommes à plus de deux millions.
Parvenir à satisfaire toutes les demandes en salles de cours représente une
performance en soi.
Ce que nous espérons à l’avenir, c’est réaménager le temps consacré aux études pour
permettre aux élèves de s’adonner à des activités créatrices mais également
résoudre le problème des heures creuses en mettant en place une application
informatique pour les réduire, si possible les éliminer. C’est un véritable
défi.
Nous avons lancé depuis l’année dernière les centres de ressources et
d’informations. Ce sont de belles salles de révision où il y a la bibliothèque,
la musique, la machine à café, les ordinateurs et le réseau Internet avec un
encadrement du corps enseignant et la possibilité d’heures de rattrapage.
Cette expérience pilote a déjà commencé dans 50 lycées et collèges, 50 autres
les rejoindront bientôt. L’objectif est de la généraliser dans les deux à trois
années à venir. Nous n’avons pas réinventé la roue, ce sont des expériences qui
marchent dans des pays comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Ce que nous
voulons, c’est ne plus laisser les élèves à l’extérieur des établissements
scolaires, et ce n’est pas une tâche aisée. A titre d’exemple, une salle de
classe toute simple coûte un minimum de 40 mille dinars sans oublier le
recrutement de cadres enseignants. Nous essayons d’avancer sur nombre d’actions,
lesquelles, faut-il le rappeler, ont été comprises dans le programme
présidentiel. Je souhaite, pour ma part, constituer la dynamo qui fait tourner la
machine en application de ce qui a été décrété au plus haut de la pyramide de
l’Etat avec l’aide et le soutien des milliers de compétences dont regorge le
ministère de l’Education.
Qu’en est-il de la formation technique moyenne dans nos institutions scolaires?
Nous ne sommes pas tous des génies!
Le renforcement des composantes technologiques, l’amélioration de la qualité des
études ainsi que l’introduction des études techniques sont autant de points qui
seront développés dans la nouvelle réforme. Nous aurons ainsi le brevet
technique en deuxième année secondaire grâce auquel l’élève sortira sur le
marché de l’emploi ou entamera un cycle de formation professionnelle. Il y aura
un baccalauréat technique, mais il y aura également ce brevet de fin d’études
techniques qui formera les techniciens d’un niveau moyen pour répondre à des
besoins bien précis au niveau de la demande en main-d’œuvre qualifiée.
La loi permet également à ceux qui iront vers la formation professionnelle, de
passer le bac technique. L’idée est de créer des passerelles entre les branches
techniques et les branches générales. Si le candidat satisfait aux critères, il
n’y a pas de mur. D’ailleurs, pour ce qui est des études techniques au collège,
nous ferons en sorte que le diplôme de fin d’études générales (9ème) et celui de
fin d’études techniques ne se déroulent pas au même moment pour donner la
possibilité aux uns et aux autres de passer l’un ou l’autre des concours. Nous
voulons un système souple et qui offre le plus de possibilités aux élèves pour
les rassurer.
L’objectif de cette nouvelle orientation de l’école et celui de toute la réforme
mise en place est d’adapter les formations aux besoins du marché du travail.
Nous ne voulons plus de bacheliers qui ne trouvent pas leurs places dans les
marchés de l’emploi national et international.
Cette nouvelle démarche exige de grands investissements matériels et humains,
comment comptez-vous vous y prendre?
Nous allons devoir trouver les moyens de répondre à ces nouvelles politiques.
Nous comptons d’ores et déjà introduire des départements d’enseignement
technique dans les collèges et les lycées, d’ici 2014, cela sera possible. En
2016, nous ambitionnons d’avoir 50% des élèves orientés vers le Technique.
Qu’en est-il de la décentralisation des systèmes de l’éducation?
C’est l’une des révolutions tranquilles que nous sommes en train de mettre en
place. Nous avons d’ores et déjà refait l’organigramme du ministère en créant
des directions totalement concentrées sur leurs missions de base et en mettant
en avant les compétences de tout un chacun. La direction générale de
l’enseignement secondaire se concentre désormais sur sa mission initiale qui
consiste à développer les politiques pédagogiques, les programmes, la vie
scolaire, etc. Pareil pour le primaire.
Avant, ces directions assuraient parallèlement à leurs prérogatives de base, la
gestion des ressources humaines, nous avons créé une direction générale de RH
qui gère tout ce qui se rapporte au management de l’humain, des carrières, des
mutations et également des recrutements et des examens professionnels.
Auparavant, 80% du potentiel de ces directions était consacré à la gestion
mécanique des RH, réduisant les dimensions pédagogiques et scolaires au deuxième
rang.
Nous avons également mis en place une nouvelle direction générale de
l’évaluation et de la qualité. Elle jouera sur deux aspect, celui du niveau des
prestations et de la gestion administrative et celui touchant aux programmes
pédagogiques, à la qualité du rendu au sein des établissements scolaires. Cette
nouvelle direction générale aura des directions régionales sur tout le
territoire national.
Nous comptons aussi -et c’est nouveau- mettre en place une direction de la
communication. L’un des points faibles de ce ministère est la communication.
A l’échelle régionale, le président de la République a ordonné la création de
commissariats régionaux à l’éducation qui auront une gestion autonome et
gèreront leur propre budget. Cette démarche vise à faciliter la mission de
gestion de l’éducation confiée, aujourd’hui, à des secrétaires généraux. Le
commissaire régional concentrera ses efforts sur des thématiques plus en rapport
avec sa mission. L’un des points faibles du ministère est également le fait
qu’il n’existe pas d’administrateur ou de gestionnaire de l’éducation, nous
voulons créer des profils de spécialistes de gestion dans le domaine de
l’éducation.
D’ores et déjà, dans le domaine de l’entretien et de la construction des
bâtiments scolaires, 70 MDT des 140 MDT consacrés seront versés aux
commissariats qui auront la responsabilité de mener à bien les projets du
ministère dans chaque région.
Comment faites-vous pour venir à bout des résistances que susciteraient toutes
ces réformes dans un ministère où, pendant des décennies, on s’est habitué à
laisser les choses comme elles sont?
Il faut tout d’abord préciser qu’il y a de très bons éléments dans ce ministère
qui ont tous la volonté d’améliorer la situation de l’éducation et la qualité de
l’enseignement. Ceux qui veulent faire de la résistance finiront par s’adapter
aux nouvelles mutations. Car finalement, notre but est de servir les intérêts
des enfants de la Tunisie, de bien les former et d’assurer leur avenir. Car,
c’est sur la base du consensus que l’on doit bâtir l’avenir des générations
futures. C’est là, l’essence même de l’approche de bonne gouvernance mise en
place par le président Ben Ali depuis le 7 Novembre 1987.
Qu’en est-il de la qualité des manuels scolaires publiés par le CNP et qui
parfois souffrent d’insuffisances?
La préparation des manuels scolaires était assurée par la direction des
programmes. Une direction qui n’existe plus maintenant. Nous avons commencé par
réintroduire la conception des programmes dans leurs directions pédagogiques
respectives. Nous avons soumis au président de la République qui a approuvé la
création d’une commission nationale des programmes. Cette commission, qui
regroupe plusieurs intervenants, comprendra des sous-commissions, par exemple
une sur les livres scolaires, une autre sur les contenus et les programmes.
Dorénavant, les programmes ainsi que les livres scolaires se feront par appels à
concours national et international. En tant que ministère, l’impératif est de
mettre en place un ensemble de critères de qualité pour les programmes que doit
comporter un ouvrage scolaire. Le corollaire de choix se fondera sur la qualité
de l’offre, loin de tout bourrage de crâne car il faut apprendre à évoluer et
s’adapter à un monde qui bouge.
Au niveau des programmes, que comptez-vous faire pour ancrer les élèves de
nouveau dans leur environnement civilisationnel et culturel, car nous avons
parfois l’impression qu’ils sont totalement coupés de leur «tunisianité»?
C’est vrai qu’il est parfois difficile de comprendre que le manuel scolaire soit
tuniso-tunisien, les dimensions patriotiques et la fierté d’appartenir à un pays
comme la Tunisie n’y sont pas tellement apparents. Sur instructions du président
de la République, nous avons créé une commission qui mettra en place une ligne
de programme pour renforcer le sens civique de l’élève.
Nous avons également changé la procédure pour ce qui est du salut du drapeau.
Car il est inconcevable que dans une cour d’école sensée réunir 500 élèves
autour du salut du drapeau, on trouve tout juste quelques dizaines devant
l’étendard du pays, les autres en train de jouer, et les professeurs dans leurs
salles de classe.
C’est scandaleux ! En principe, ceux qui doivent donner l’exemple en la matière
sont les cadres enseignants. Aujourd’hui, le salut du drapeau se fait en classe.
Il est composé d’un cérémonial qui comprend une phrase de 13 mots d’une
simplicité désarmante. Devant l’hymne national écrit, on récite ces mots : Je
salue le vénérable drapeau par loyauté envers la Tunisie, par fidélité envers
ses martyrs, par considération pour les valeurs républicaines. Liberté, Ordre,
justice.
D’autre part, nous n’accepterons plus que des élèves passent de la première en
deuxième année primaire sans qu’ils aient appris à la perfection l’hymne
national qui fera l’objet de leur première récitation.
On reproche également aux programmes de l’enseignement d’avoir engourdi l’esprit
critique chez nos jeunes, les réduisant à de simples récepteurs de l’information
sans aucune velléité de discussion ou de dialogue. Comment, dans ce cas,
préparer le leadership du pays?
Nous voulons instaurer la communication positive à l’école, nous ne voulons plus
d’enseignants qui intimident l’élève ou l’empêchent de s’exprimer. Nous voulons
raviver l’esprit critique. Il faut que l’élève exprime haut et fort ses pensées
sans risque d’être ridiculisé par son professeur ou maître. Nous sommes
d’ailleurs en train de chercher des spécialistes pour assurer la formation des
enseignants dans cette communication positive.
Nous voulons également instaurer de nouvelles traditions en créant des tribunes
au sein des classes. Chaque élève pourra choisir une thématique et s’exprimer
devant un pupitre en toute liberté. L’élève doit sélectionner un sujet de
prédilection et s’exprimer à son propos dans une seule langue. Il sera soumis
aux critiques de ses amis de classe et devra pouvoir défendre son point de vue.
Nous voulons leur apprendre à communiquer en public.
Dernière question : qu’est-ce qui explique la mésentente entre le ministère et
le syndicat de l’enseignement secondaire?
Le ministère n’a, objectivement, aucun problème avec les syndicats. Tant que les
revendications restent professionnelles, le ministère se doit de les étudier
avec sérieux et responsabilité, ce que nous avons toujours fait. Toutefois,
aucun syndicat au monde ne peut revendiquer à la fois un 13ème mois, une prime
équivalente à un mois de salaire pour les frais de rentrée scolaire, un15ème
mois en tant que «prime de pénibilité», une retraite à 55 ans, un statut
particulier spécial, le doublement des primes de correction des examens (qui
viennent d’être doublées au mois de juin 2010) en plus d’autres primes
spéciales. Je laisse à l’opinion publique la liberté de juger du sérieux ou pas
de ces revendications. Pour sa part, le ministère n’a jamais fermé les portes du
dialogue et demeure totalement à l’écoute du
corps enseignant et de ses représentants.