à Birmingham, lors d’une conférence du parti conservateur (Photo : Ben Stansall) |
[01/11/2010 15:04:28] LONDRES (AFP) Nouveaux ghettos urbains à la périphérie de Londres, musées obligés de vendre des oeuvres d’art pour survivre, avions de combat mis à l’encan… Les Britanniques évaluent peu à peu l’impact concret des coupes sans précédent annoncées par le gouvernement.
Dévoilées le 19 octobre, ces coupes budgétaires se sont d’abord traduites par quelques chiffres impressionnants: 81 milliards de livres (92 milliards d’euros) d’économies en quatre ans, 500.000 emplois publics supprimés, des ministères amputés du quart de leur budget.
Il a fallu un peu de temps avant que les experts et la presse, souvent épaulés par des associations alarmées de la fin annoncée de milliards de livres d’aides, ne prennent la mesure des changements à venir.
De toutes les coupes annoncées, ce sont celles concernant les aides au logement qui suscitent jusqu’ici le plus d’inquiétudes.
Selon des études concordantes, la carte sociologique de Londres va être bouleversée par la décision du gouvernement de revoir de fond en comble le système des aides au logement.
Il est vrai que celles-ci sont particulièrement généreuses pour les familles éligibles, puisqu’elles obligent les municipalités à les loger – y compris auprès de propriétaires privés – à hauteur des prix moyens du quartier. Ce qui peut grimper jusqu’à 8.000 livres (9.200 euros) par mois dans certains ilôts chics du centre de Londres. Le montant sera désormais limité à 1.600 livres.
Cette mesure, qui semble relever du bon sens en période d’austérité, risque pourtant de conduire à un “nettoyage social” du centre de la capitale britannique, a mis en garde le député travailliste Chris Bryant.
Selon certaines projections, jusqu’à 82.000 familles, soit plus de 200.000 personnes, pourraient être contraintes de déménager.
Certaines municipalités ont commencé, pour loger les futurs exclus, à louer des “Beds and Breakfasts” en grande périphérie, dont les élus s’alarment déjà d’un afflux de population pauvre en période de pénurie généralisée.
Le maire de Londres, le conservateur Boris Johnson, a lui-même admis être “inquiet”, tandis que le gouvernement dénonçait une campagne “alarmiste et hystérique”.
Toujours sur le front social, l’ONG “Age UK” estime que les coupes budgétaires vont priver 250.000 personnes de soins à domicile dans le pays, sans qu’aucune autre structure ne puisse prendre le relais.
La Culture, qui va perdre 24% de son budget d’ici quatre ans, est aussi au coeur des préoccupations.
Roy Clare, responsable du Conseil national des Musées et Bibliothèques – un organisme paragouvernemental lui-même menacé de disparition – a prévenu que des musées allaient être contraints de vendre certaines de leurs oeuvres pour boucler leurs fins de mois.
Les exemples se multiplient: la “London Fashion Week” va devoir trouver de nouveaux financements, tout comme l’agence Film London, destinée à faciliter les tournages dans la capitale. Même le feu d’artifice du Nouvel An sur la Tamise serait menacé…
Pourtant relativement épargnée, l’armée de l’air doit apprendre à poser ses appareils sur un porte-avions français, dans l’attente de la construction d’un bâtiment battant pavillon britannique. Selon le Financial Times, la Grande-Bretagne s’apprête aussi à vendre au plus offrant ses célèbres Harrier, qu’elle n’a plus les moyens d’entretenir. L’Inde et les Etats-Unis seraient sur les rangs.
De manière frappante, la prise de conscience progressive des sacrifices à venir n’a pas suscité de mobilisation d’ampleur, la résignation semblant l’emporter à ce stade: selon un sondage, 58% des Britanniques pensent, comme le gouvernement, que l’austérité était devenue “inévitable”.