Portugal : le Parlement vote un budget de rigueur sans précédent

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à Lisbonne, le 2 novembre 2010, lors du débat sur le budget 2011 (Photo : Francisco Leong)

[03/11/2010 11:59:37] LISBONNE (AFP) Le Parlement portugais doit adopter mercredi en première lecture un budget d’une rigueur sans précédent pour 2011, comprenant un ensemble de mesures impopulaires qui frapperont durement les ménages, afin de ramener rapidement le pays sur la voie de l?équilibre budgétaire.

Après plusieurs mois de suspense et de forte tension entre le gouvernement socialiste minoritaire et l’opposition, le vote du budget a finalement été négocié in extremis la semaine dernière entre les socialistes et les socio-démocrates.

Soumis à une forte pression pour laisser passer un budget jugé essentiel pour apaiser les marchés financiers, le Parti social-démocrate (PSD, centre-droit) a accepté de s’abstenir en échange de quelques amendements au texte, principalement d’un allègement de la charge fiscale sur la classe moyenne.

Considéré comme un des pays les plus fragiles de la zone euro, en raison de son endettement mais aussi de ses faibles perspectives de croissance, le Portugal s’est engagé, auprès de Bruxelles, à ramener son déficit public de 7,3% du PIB en 2010 à 4,6% l’an prochain.

Cet effort budgétaire représente une économie de 5 milliards d’euros qui sera financée pour deux tiers par une coupe drastique des dépenses et pour un tiers par une hausse des recettes notamment fiscales.

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é Socrates (G), le 2 novembre 2010 au Parlement de Lisbonne (Photo : Francisco Leong)

Hausse de deux points de la TVA à 23%, gel des retraites, baisse des salaires des fonctionnaires, plafonnement des aides sociales et des déductions fiscales sur les dépenses de santé, d’éducation et de logement: ces mesures devraient provoquer, selon le gouvernement, un ralentissement de la croissance l’an prochain à 0,2% et une hausse du chômage prévue à 10,8%.

“Personne de prend de telles décisions de gaieté de coeur”, a répété ces dernières semaines le Premier ministre José Socrates. Mais, a-t-il insisté devant les députés, “c’est la seule façon de protéger le pays contre la turbulence des marchés financiers”.

Mercredi, le Portugal devrait tester l’impact des mesures sur les marchés financiers, avec l’émission de bons du Trésor pour un montant d’un milliard d’euros.

“Crime social”, “horreur économique”, “diktat européen”, l’ensemble de la gauche non socialiste au Parlement a vigoureusement dénoncé le projet de budget alors que de nombreux mouvements sociaux sont annoncés pour les prochaines semaines.

Mercredi, les agents du fisc ont entamé une grève tournante de 20 jours. Samedi prochain, les fonctionnaires ont prévu une manifestation nationale à Lisbonne, à l’appel de la CGTP, principale centrale syndicale du pays.

Elle précédera une grève générale le 24 novembre à l’appel des deux principales centrales syndicales portugaises, la CGTP et l’UGT, réunies pour la première fois depuis 1988.

Selon les syndicats, ce mouvement pourrait être le plus important depuis l’avènement de la démocratie au Portugal en 1974.