Emploi des jeunes : les syndicats prêts à négocier des solutions “innovantes”

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éens manifestent contre la réforme des retraites, le 14 octobre 2010 à Bordeaux (Photo : Pierre Andrieu)

[03/11/2010 16:38:21] PARIS (AFP) L’inquiétude des jeunes, illustrée par leur participation massive au mouvement sur les retraites, confirme l’urgence de solutions “innovantes” pour leur emploi aux yeux des syndicats, qui refusent toutefois que le sujet serve de sortie de crise au gouvernement.

Signe de la colère des jeunes: deux mois après le début de la mobilisation, des étudiants bloquaient encore mercredi quelques universités. L’Unef réclamait la semaine dernière “des propositions” sur l’emploi des jeunes et “pas de vagues promesses”, après la proposition du numéro un de la CFDT François Chérèque d’une “négociation” syndicats-patronat sur l’emploi des jeunes et des seniors.

“Le mal vis-à-vis de la jeunesse est profondément enraciné, c’est un bizutage social qu’on fait subir aux jeunes. Il est important de s’adresser au patronat, il y a une responsabilité particulière des entreprises”, déclare à l’AFP Hervé Garnier, chargé du dossier jeunes à la CFDT.

Sur le même plateau télévisé que M. Chérèque, la présidente du Medef Laurence Parisot s’était dite d’accord pour “une délibération sociale”, préalable à une éventuelle négociation. Saisissant la balle au bond, le Premier ministre François Fillon avait annoncé une proposition aux partenaires sociaux d'”engager un dialogue” sur ces sujets, une fois la loi sur les retraites promulguée.

Après les protestations de M. Chérèque contre toute “instrumentalisation”, le secrétaire d’Etat à l’Emploi Laurent Wauquiez a assuré que le gouvernement ne voulait pas “récupérer” son initiative et entendait laisser “la place aux négociations entre partenaires sociaux”.

Le sujet “est à prendre au sérieux”, mais “ne peut pas être la porte de sortie au dossier des retraites”, affirme Maurad Rabhi (CGT). “La manière dont François Chérèque a abordé le sujet n’est pas acceptable, on ne va pas échanger la réforme des retraites contre une négociation sur les jeunes”, lance René Valladon (FO), dont la centrale avait plaidé cet été pour des négociations sur ce thème.

Le gouvernement table notamment sur l’alternance (contrats d’apprentissage et de professionnalisation) et sur le tutorat entre seniors et jeunes pour favoriser l’emploi de ces deux tranches d’âge, les plus en difficulté.

“S’il y a des négociations, on viendra”, affirme de son côté Geneviève Roy (CGPME), qui juge la politique gouvernementale “utile” et préconise le développement des contrats de professionnalisation, pouvant aller du CAP au Bac+5.

Les syndicats ne cachent pas leur scepticisme, la CGT allant jusqu’à qualifier de “fiasco” certaines mesures du Plan Jeunes lancé par le gouvernement en 2009, qui incluait notamment un soutien à l’alternance.

De son côté, l’OCDE estimait l’an dernier que “30 ans de politique de l’emploi” en France avec “plus de 80 mesures” n’avaient pas changé la donne pour les jeunes. 23,3% des moins de 25 ans en quête de travail étaient au chômage au 2e trimestre 2010, selon l’INSEE.

“Si on ouvre une grande négociation, il faut savoir quel objectif on se fixe et qui paie. Si c’est pour accoucher d’une souris, pas la peine!”, affirme la CGT qui réclame “des innovations” comme “un aménagement du temps de travail des plus de 50 ans en échange de l’embauche de jeunes”.

La CFDT réclame aussi des solutions “innovantes” et “structurelles”, plutôt que de “ramener les choses à l’alternance et au tutorat”. “Soyons plus ambitieux”, souligne M. Garnier.

La CFTC avance, elle, des pistes comme “le développement de l’alternance pour tous les niveaux d’étude” et un “accès facilité au logement”.