érence de presse dans un McDonald’s à Moscou, le 1er février 2010 (Photo : Alexander Nemenov) |
[03/11/2010 19:11:06] PARIS (AFP) Premier non-Américain à se hisser dans la hiérarchie de McDonald’s, Denis Hennequin, 52 ans, qui va prendre les rênes du groupe hôtelier Accor, a su transformer en à peine une décennie l’image de symbole de la malbouffe que le géant du hamburger-frites traînait dans son sillage.
Visionnaire pour les uns, fin communicant pour les autres, ce pur produit McDo -il y avait fait jusqu’ici toute sa carrière -, look d’ado, a réussi à imposer en Europe la chaîne de fast-food dans les habitudes alimentaires, un pari difficile.
Lorsqu’il est propulsé en 1996, à 36 ans, à la tête de McDo France, ce fan de guitare et collectionneur de gadgets technologiques va devoir faire face à une crise menaçant la survie du groupe dans l’Hexagone.
C’est l’époque où José Bové saccage le McDo de Millau (Aveyron), où des indépendantistes bretons posent une bombe dans celui de Quévert (Côtes d’Armor) faisant une victime. L’enseigne américaine devient le bouc émissaire de la mondialisation folle.
C’est le début de l’ère Hennequin: aller au devant de ses détracteurs, reconnaître ses erreurs en saupoudrant le tout d’une bonne dose d’humour.
Fait nouveau: McDo met en avant l’origine de ses produits. Denis Hennequin invente la formule “+Born in the USA, made in France+”, un clin d’oeil à son idole Bruce Springsteen. Cet amoureux de la cuisine chinoise et japonaise fait changer les menus, relooke les restaurants. Le chiffre d’affaires s’envole.
En 2002, il publie “McDo se met à table”, dans lequel il clame avec ironie “Nous sommes le Grand Méchant Mac. Et José Bové, notre chaperon rouge”.
“Il a su transformer et adapter l’image de McDo”, dit-on chez McDo France.
“Il a essayé de verdir l’image de McDo, même si le modèle reste le même”, confie à l’AFP José Bové, “surfant sur la mode du +Greenwashing+”, ajoute l’ancien leader de la Confédération paysanne.
Avec Denis Hennequin, la France devient le deuxième pays le plus rentable après les Etats-Unis. Il est nommé à la tête du groupe pour l’Europe en juin 2005, premier Européen à avoir une responsabilité internationale dans l’enseigne.
Fils unique, Denis Hennequin a un parcours atypique. Il a grandi à Paris dans une famille de juristes. Sa mère est docteur en droit et son père conseiller juridique et fiscal. Ancien élève du prestigieux lycée Henri IV, il est diplômé en sciences éco à la faculté d’Assas. Il passera ensuite un diplôme d’expert-comptable.
Pour ce père de trois enfants marié à Sylvie, auteure de livres pour la jeunesse, l’aventure McDo a commencé en 1984. Il a 26 ans et se cherche. Il décide de postuler auprès du géant du hamburger-frites, qui illustre, selon lui, le rêve américain.
Lors de l’entretien d’embauche, on lui conseille d’aller “voir comment ça se passe dans un resto”, raconte-t-il à l’hebdomadaire Le Point.
Après trois jours d’observation dans un McDo parisien, il est envoyé à Mulhouse comme manager stagiaire pendant six mois. C’est le début d’une ascension fulgurante comme les affectionne l’Amérique.
D’abord gérant d’un resto parisien, puis de l’Ile-de-France, on lui confie ensuite le développement, le marketing et le recrutement des franchisés. “J’ai dû faire tous les jobs possibles”, aime-t-il à dire.
Cinq après son arrivée à la tête du groupe en Europe, son bilan est jugé positif. Il a consolidé des marchés comme la Russie. On lui crédite entre autres l’introduction des salades, des fruits à croquer et l’affichage de calories…
“Denis a su innover et devenir une source d’inspiration pour le reste du monde”, lançait admiratif, en 2008, son ami Gilles Pélisson, auquel, ironie de l’histoire, il succède aujourd’hui chez Accor.