Contrat d’Eurostar à Siemens : Alstom persévère pour obtenir l’annulation de l’appel d’offres

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Logo d’Alstom (Photo : Jean-Pierre Muller)

[04/11/2010 12:36:53] PARIS (AFP) Alstom, qui a échoué en référé à bloquer la fourniture de nouveaux trains par Siemens à la compagnie transmanche Eurostar, va poursuivre son action en justice sur le fond pour obtenir l’annulation de l’appel d’offres, a annoncé jeudi son PDG, Patrick Kron.

La Haute Cour de justice de Londres a débouté le 29 octobre le groupe français qui cherchait, dans une action équivalant au référé, à obtenir la suspension de l’appel d’offres au terme duquel Eurostar a annoncé l’achat de dix trains à grande vitesse à son rival allemand pour 600 millions d’euros.

“Nous allons poursuivre l’action sur le fond, d’une part devant les autorités anglaises, car le référé n’a pas éteint l’action sur le fond – elle se poursuit -, et devant les autorités européennes”, a indiqué Patrick Kron à la presse, en marge de la présentation des résultats semestriels du groupe.

“J’ai un objectif simple : que cet appel d’offres soit arrêté”, a-t-il ajouté.

A la question de savoir si son action pourrait empêcher la signature d’un contrat entre Eurostar et Siemens, Alstom n’ayant pas fait appel du référé, il a répondu : “Ce que je pense, c’est qu’il ne vont pas me demander mon avis.”

“Nous considérons que cet appel d’offres ne s’est pas déroulé dans des conditions normales et que nous n’avons pas été traités de manière équitable”, a-t-il résumé.

Alstom reproche surtout à Eurostar d’avoir anticipé une future réforme des normes de sécurité en vigueur dans le tunnel sous la Manche pour définir les spécifications de son appel d’offres.

“On est dans une situation invraisemblable d’un opérateur qui choisit un train sans savoir si ce train pourra un jour rouler, et si jamais il roulera, dans quelles conditions il roulera”, a lancé Patrick Kron

“Depuis le début, on a dit qu’on était surpris par cet appel d’offres qui ne répondait pas aux normes de sécurité en vigueur dans le tunnel.(…) Eurostar nous a dit : ce n’est pas votre problème, répondez à l’appel d’offres, et si les règles du jeu ne sont pas changées en temps et en heure, cet appel d’offres n’ira pas à son terme”, a-t-il ajouté.

Or, Eurostar a attribué le contrat avant que les règles soient modifiés, a-t-il déploré.

La compagnie transmanche a expliqué s’être appuyée sur des recommandations de la commission intergouvernementale franco-britannique au tunnel sous la Manche, publiées fin mars, préfigurant ce que devraient être les futures règles de sécurité.

En outre, l’appel d’offres d’Eurostar n’était pas équitable, selon le patron d’Alstom.

“Les règles du jeu ont été opaques, non transparentes, et ne sont aujourd’hui même pas encore disponibles”, a noté Patrick Kron, pour qui “la moindre des choses (est de) savoir sur quels critères on sera jugé”.

“Dans le cadre des différentes auditions qui ont eu lieu à Londres on a appris que Eurostar avait utilisé un consultant reconnu pour l’aider dans son appel d’offres et l’analyse des réponses données. (…) Ce qui peut-être pourrait créer un conflit d’intérêts, c’est qu’on a aussi appris que Siemens avait utilisé le même consultant, Interfleet”, a-t-il relevé, s’interrogeant sur cette “coïncidence”.

“On a fait une offre qui n’était pas très bonne, on était déboussolés”, a ironisé Philippe Mellier, le président d’Alstom Transports.

“Avec le consultant technique, ils étaient moins déboussolés, bizarrement”, a-t-il ajouté à propos du concurrent Siemens.