L’ère Obama prend un tour plus conflictuel pour l’Europe sur le front économique

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ésident américain Barack Obama avec ses ministres à la Maison Blanche, le 4 novembre 2010 (Photo : Saul Loeb)

[04/11/2010 16:37:23] BRUXELLES (AFP) L’Europe se retrouve sous pression des Etats-Unis sur le front économique suite à l’ouverture massive des vannes du crédit par la Réserve Fédérale, qui semble annoncer une période plus conflictuelle suite à la défaite électorale du président Barack Obama.

L’une des premières conséquences de la décision prise par l’institut monétaire américain (Fed), pour soutenir la reprise économique encore fragile de la première économie mondiale, est la hausse du taux de change de l’euro par rapport au dollar.

Il a franchi jeudi nettement le seuil de 1,42 dollar pour la première fois depuis janvier, alors que les responsables politiques européens trouvaient déjà auparavant son niveau trop élevé pour la croissance du Vieux continent.

“L’euro supporte l’essentiel de la décision”, a souligné la ministre française de l’Economie Christine Lagarde dans une interview jeudi au Wall Street Journal. “Cela souligne le besoin impératif de repenser le système monétaire international et les mécanismes de coopération”, a-t-elle ajouté.

Au lendemain des élections législatives américaines, la Réserve Fédérale a annoncé son intention d’injecter 600 milliards de dollars de plus dans l’économie par le biais de rachats supplémentaires d’obligations d’Etat.

Cette décision, qui équivaut à faire tourner la planche à billets, a pour effet de diluer la valeur du billet vert.

Pour l’Europe, elle prend un tour particulier dans un contexte mondial déjà tendu du fait des craintes de “guerre des changes” entre les grandes zones économiques, soupçonnées de chercher à faire baisser leurs devises pour favoriser exportations et croissance.

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üderle, le 21 octobre 2010 à Berlin (Photo : Odd Andersen)

Le ministre allemand de l’Economie Rainer Brüderle a fait part jeudi de son “inquiétude” suite à la décision de la Fed.

La mesure a valeur de signal politique fort pour les autres pays dans le sillage de la défaite électorale du parti démocrate de Barack Obama au Congrès.

Ce revers le prive en effet de marge de manoeuvre pour la deuxième partie de son mandat et va l’obliger à donner beaucoup plus la priorité à la relance de l’économie américaine ainsi qu’à la défense des intérêts de son pays.

“La coïncidence (du résultat de l’élection) avec la décision de la Fed signale le fait que la politique budgétaire est très bloquée politiquement” dorénavant aux Etats-Unis, du fait des divergences entre démocrates et républicains, “et que la politique monétaire est le seul instrument qui reste” pour stimuler l’économie, estime Jean Pisani-Ferry, directeur du centre de réflexion Brueggel à Bruxelles.

Les exportations et la croissance de l’Union monétaire pourraient en pâtir si l’euro grimpe.

Plus généralement, l’Europe peut légitimement redouter un certain repli protectionniste aux Etats-Unis. “Je crains que cette tendance ne vienne, car il y a désormais des équilibres politiques très compliqués” au sein du Parlement américain, a commenté M. Brüderle.

Désormais à Washington, “l’orientation générale est très marquée par la priorité absolue aux problèmes internes, une vision moins internationaliste que celle qu’avait mise en avant l’administration Obama”, analyse Jean Pisani-Ferry.

En outre, même si le gros de l’effort de régulation des marchés financiers a déjà été fait en Europe et aux Etats-Unis, les responsables européens vont devoir en rabattre sur leurs espoirs d’avancées supplémentaires dans le cadre du G20, comme le chantier de la taxe sur les transactions financières.

Un coup dur notamment pour la France qui a fait de ce domaine une priorité de sa présidence de ce forum des grandes puissances économiques, appelée à débuter le 12 novembre.