ès l’atterrissage d’urgence d’un Airbus A380 de la compagnie Qantas, le 4 novembre 2010 à Singapour (Photo : Roslan Rahman) |
[04/11/2010 20:06:53] PARIS (AFP) L’avarie sur un moteur d’un Airbus A380 de la compagnie Qantas, contraint d’atterrir d’urgence à Singapour jeudi, est un coup dur pour l’avionneur européen, qui voit l’image de son icône écornée au moment où il espère vendre une centaine d’avions -autres que le super jumbo- à la Chine.
Cet incident est le premier d’une telle gravité depuis la mise en service en 2007 de l’A380, le plus gros avion du monde, capable de transporter plus de 500 passagers.
Il a fait chuter brutalement, à Paris et à Londres, les cours de Bourse d’EADS, la maison mère d’Airbus, et du motoriste britannique Rolls-Royce.
L’appareil du transporteur australien Qantas a rencontré des problèmes six minutes après avoir décollé de Singapour pour Sydney, au moment où il survolait l’île indonésienne de Batam.
Selon les premiers éléments recueillis par l’AFP, un des quatre moteurs Rolls-Royce de l’avion a connu une explosion, qui a entraîné le détachement de la partie arrière du moteur. Conformément aux procédures d’urgence, le pilote a décidé de faire demi-tour.
“Pour nous pilotes, l’arrêt d’un moteur n’est pas un événement exceptionnel même si cela n’arrive pas tous les matins. Ce qui fait l’événement, c’est le fait que cela arrive sur un A380 pour la première fois”, résume Eric Bernard, commandant de bord de la compagnie française Air France.
Il souligne qu’un avion reste “tout à fait intègre” et peut parfaitement continuer à voler avec un moteur en moins.
élévision indonésienne Metro TV montrant le 4 novembre 2010 des morceaux de métal qui pourraient provenir de l’avion (Photo : Metro Tv) |
“C’est clairement une problématique d’image car Qantas a cloué au sol sa flotte d’A380. Et la sanction a été immédiate car pour le marché, cela signifie des surcoûts pour la remise en service de ces avions”, dont les débuts avaient été émaillés d’incidents plus mineurs, explique de son côté un analyste sous couvert d’anonymat.
Un autre analyste considère que “la fiabilité du constructeur n’est pas remise en cause. Rolls-Royce devra en revanche s’expliquer”. “C’est le troisième incident en quatre mois, cela commence à faire beaucoup”, dit-il.
Jeudi soir, Louis Gallois, président exécutif d’EADS, maison mère d’Airbus, a affirmé à l’AFP que l’incident n’avait à aucun moment “mis en danger la sécurité de l’avion qui est dessiné pour pouvoir voler et faire ses missions avec trois moteurs”.
Qantas, l’une des cinq compagnies à faire voler des A380, a immédiatement annoncé l’immobilisation au sol des six exemplaires qu’elle possède. Les autres -Emirates, Singapore Airlines, Lufthansa et Air France- vont en revanche continuer à faire voler normalement leurs appareils.
“En ce qui concerne Air France et Emirates, leurs A380 sont équipés de moteurs de l’autre motoriste, le franco-américain Engine Alliance (Pratt & Wittney, General Electric et Safran), ce qui tend à montrer que l’incident survenu ce matin est plus du ressort du motoriste”, relève le premier analyste.
Dans l’après-midi, Rolls-Royce a recommandé dans un communiqué des examens sur l’ensemble des moteurs Trent 900, qui équipent certains A380.
Cet incident n’a pas empêché la signature entre Airbus et des compagnies chinoises d’un contrat de 14 milliards de dollars pour 102 appareils (50 A320, 42 A330 et 10 A350), à l’occasion d’une visite d’Etat à Paris du président chinois Hu Jintao.
“C’est un très bon contrat, en plus il y a des A350, notre nouvel avion. C’est très porteur pour nous” dans un pays amené à être le plus important marché de l’avionneur européen, a affirmé Louis Gallois.
Selon lui, “c’est le fruit d’un partenariat établi avec la Chine qui a trente ans. Notre part de marché est passée de 15% il y a quelques années à 45% aujourd’hui”. “Je pense que nous allons être très rapidement à égalité avec Boeing sur le marché chinois”, a-t-il assuré.