Le prestigieux palace parisien du Crillon vendu à des Saoudiens

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çade du Crillon, place de la Concorde à Paris, le 3 octobre 2010 (Photo : Fred Dufour)

[05/11/2010 15:18:31] PARIS (AFP) L’hôtel Le Crillon, prestigieux palace centenaire de la place de la Concorde à Paris, va être cédé à des capitaux saoudiens par son propriétaire actuel, le fonds américain Starwood Capital, et son exploitation confiée au Suisse Kempinski, qui s’implanterait ainsi en France.

Ni la vente, objet de spéculations récurrentes depuis près de deux ans, ni son montant, n’ont été confirmés officiellement vendredi, pas plus que l’identité du futur acquéreur. Starwood et le Crillon se sont refusés à tout commentaire.

L’opération s’élèverait à environ 250 millions d’euros, ont cependant indiqué à l’AFP des sources proches du dossier, confirmant une information du Figaro. A cette somme s’ajouteraient une centaine de millions d’euros de travaux pour la rénovation du palace, selon Le Figaro.

Le Crillon, chef-oeuvre de l’architecture du XVIIIe siècle, compte 147 chambres et suites et emploie environ 360 personnes.

L’exploitation de l’hôtel devrait être confiée au groupe suisse Kempinski, qui gère plus de 60 hôtels 5 étoiles dans le monde et dont ce serait le premier établissement en France.

Starwood Capital a déjà cédé cet été les murs d’un autre monument du luxe parisien, le Lutetia, hôtel emblématique de la rive gauche, vendu au groupe israélien Alrov. Concorde Hotels et Resorts, pôle hôtellerie de prestige du Groupe du Louvre (contrôlé par Starwood) en poursuit néanmoins l’exploitation.

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ée du Crillon à Paris le 3 octobre 2010 (Photo : Fred Dufour)

Spécialisé dans l’immobilier et l’hôtellerie de luxe, Starwood est propriétaire du Crillon depuis le rachat en 2005 de l’ex-empire Taittinger, qui comprenait aussi les hôtels Concorde à Paris ou le Martinez à Cannes, ainsi qu’un pôle hôtellerie économique rebaptisé depuis Louvre Hotels (Kyriad, Campanile, Première Classe et Golden Tulip…)

En 2006, Starwood Capital avait annoncé vouloir lancer une chaîne de palaces Crillon dans le monde pour en faire “une nouvelle marque de luxe international”.

Fin 2008 toutefois, Starwood changeait de stratégie et décidait de se séparer de son pôle luxe. Il entame alors des négociations exclusives avec le groupe JJW, propriété du cheikh saoudien Al Jaber, pour une somme estimée à 1,5 milliard, dont 350 millions pour le Crillon.

Un contrat est signé en mars 2009 mais l’affaire se termine devant le tribunal de commerce de Paris où chacun s’accuse de rupture de contrat. La première manche est gagnée en avril par Starwood Capital.

Le fonds cherche alors à vendre ses établissements séparément. Le Lutetia a été le premier.

Pour redonner tout son éclat au Crillon, il faudrait que le nouvel acquéreur investisse un minimum de 30 millions d’euros, selon un expert, alors que d’autres avancent 60 millions pour une “belle enveloppe”.

A titre de comparaison, les travaux au Royal Monceau-Raffles, rouvert depuis le 18 octobre après deux ans et demi de complète réfection, ont coûté plus de 100 millions d’euros.

L’urgence est d’autant plus forte que l’arrivée de nouveaux palaces, aux mains de capitaux asiatiques, oblige les “anciens” à se remettre en question: Raffles pour le Royal Monceau, Shangri-La, en décembre, Mandarin Oriental à l’été et Peninsula en 2012.

Les palaces parisiens sont majoritairement aux mains de capitaux étrangers: George V, est détenu par le prince saoudien Al-Walid mais exploité par la chaîne canadienne Four Seasons. Le Ritz est la propriété du milliardaire égyptien Mohamed Al-Fayed. Le Meurice comme le Plaza-Athénée font partie du groupe Dorchester du sultan du Brunei. Le Bristol est détenu par le groupe allemand Oetker. Le Fouquet’s Barrière est le seul à être contrôlé par des capitaux français.