La ville californienne d’El Centro, épicentre du chômage américain

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ômeur, attend devant une agence d’intérim à El Centro le 28 octobre 2010. (Photo : Mark Ralston)

[05/11/2010 22:58:45] EL CENTRO (Etats-Unis) (AFP) Un an ou deux sans trouver de travail, cela semble inimaginable aux Etats-Unis… C’est pourtant le lot quotidien des habitants de la ville californienne d’El Centro, qui détient le triste record national du taux de chômage, avec 30,4% de sans-emploi.

“J’aimerais reprendre mon travail d’infirmière à domicile, mais je n’y pense même plus, cela fait un an et demi que je ne trouve rien. Je prendrai ce qu’on me donnera”, déclare à l’AFP Karen Marquardt, 58 ans, en mettant à jour son CV dans une agence pour l’emploi de cette ville de 50.000 habitants frontalière du Mexique (350 km au sud-est de Los Angeles).

Selon les statistiques du ministère du Travail, 13 villes américaines – dont 9 en Californie – ont un taux de chômage supérieur à 15%. Et les deux “capitales de la récession”, comme les ont baptisées les médias américains, sont El Centro et la ville voisine de Yuma, dans l’Arizona, avec des taux respectifs de 30,4% et 27,2%.

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ômeurs reçoivent une aide alimentaire de l’Armée du Salut à El Centro le 28 octobre 2010. (Photo : Mark Ralston)

Deux villes situées dans des régions agricoles dont l’économie a toujours dépendu du travail saisonnier des journaliers mexicains venant travailler légalement côté américain, grâce à un statut spécial accordé aux habitants de la zone frontalière.

A El Centro, la plupart des chômeurs de plus de 45 ans attendent parfois deux ans pour retrouver du travail. Les plus jeunes (moins de 30 ans), n’attendent généralement pas plus de six mois et s’en sortent en enchaînant les emplois temporaires dans les boutiques de la ville ou dans les champs.

“Je suis soudeur et j’ai perdu mon travail en juin. Je pensais retrouver quelque chose immédiatement mais je n’ai pas pu. Le secteur de la construction a pour ainsi dire disparu”, raconte Michael Lopez, 23 ans, père de deux enfants et né à El Centro d’une famille mexicano-américaine.

Il y a quelques jours encore, le jeune homme faisait le ménage dans une entreprise privée. Il vient de décrocher un travail dans les champs de laitues en Arizona. “C’est pour cinq mois, c’est moins bien payé qu’en Californie, mais je toucherai quand même 9,70 dollars de l’heure” dit-il.

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êtements devant sa maison à El Centro le 28 octobre 2010. (Photo : Mark Ralston)

La récession a frappé plus fort et plus tôt à El Centro que dans le reste du pays, “car nous avons beaucoup souffert de la sécheresse dans le secteur agricole”, explique une fonctionnaire municipale.

A l’instar de nombre de ses collègues, elle déplore les reportages catastrophistes dans la presse, “qui ne parlent que des aspects négatifs et rendent encore plus difficiles les investissements dans notre ville”.

“Le chômage à El Centro a toujours été le plus élevé du sud de la Californie. Un taux à deux chiffres est normal, même en périodes fastes”, explique Cathy Kennerson, directrice de la Chambre de commerce.

Selon elle, “beaucoup de nos journaliers viennent de Mexicali – la ville mexicaine voisine. Ils travaillent légalement dans les champs et quand leur emploi prend fin, pour des raisons inhérentes au travail agricole, ils touchent le chômage, conformément au droit du travail américain”, dit-elle. D’où un taux de chômage moyen de 17%, même en période de croissance.

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à vendre à El Centro le 28 octobre 2010 (Photo : Mark Ralston)

Selon le centre d’Etudes économiques de Mexicali, 30.000 frontaliers travaillent légalement dans l’Imperial Valley, où se trouve El Centro.

Mais Mme Kennerson reconnaît que les saisies immobilières sont un facteur aggravant de la crise actuelle, comparée aux précédentes.

“Au début des années 2000, les promoteurs sont arrivés de partout et El Centro s’est considérablement étendu. L’éclatement de la bulle immobilière a rendu la crise beaucoup plus visible”, dit-elle.