à Lisbonne contre le budget d’austérité (Photo : Patricia de Melo Moreira) |
[06/11/2010 19:09:45] LISBONNE (AFP) Plusieurs dizaines de milliers de fonctionnaires ont défilé samedi à Lisbonne pour protester contre le budget d’austérité du gouvernement socialiste, et notamment la baisse des salaires, lors d’une première démonstration de force avant la grève générale du 24 novembre.
“Assez!” (basta!), “Non au vol des salaires”, “les mensonges, ça suffit!”: de larges banderoles avaient été déployées en tête du cortège qui s’est déroulé pendant un peu plus de deux heures sur la principale avenue du centre de la capitale portugaise, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le nombre de manifestants a été estimé à 100.000 par le secrétaire général de la CGTP, principale centrale syndicale portugaise, proche du Parti communiste, alors que, selon les médias locaux, les syndicats espéraient plus de 150.000 participants.
La police portugaise a pour règle de ne jamais communiquer ses estimations lors des manifestations.
“C’est une étape importante avant la grève générale”, a déclaré aux journalistes Ana Avoila, coordinatrice du Front commun des syndicats de l’administration publique.
“Nous allons résister. Il faut que le gouvernment recule. Ce ne sont pas les marchés qui doivent commander”, a-t-elle lancé, dans le vacarme des tambours et vuvuzelas, trompettes devenues populaires lors du dernier mondial de football.
La manifestation de samedi est le premier mouvement social d’ampleur nationale depuis l’annonce d’un budget d’une rigueur inédite pour l’an prochain, adopté cette semaine en première lecture par le Parlement, avec les voix des socialistes et l’abstention de l’opposition de centre-droit.
Sous la pression de Bruxelles et des marchés financiers, le gouvernement portugais s’est engagé à faire des économies de l’ordre des cinq milliards d’euros l’an prochain afin de réduire son déficit public à 4,6% du PIB fin 2011, contre 7,3% attendu cette année.
Pour y parvenir, le gouvernement de José Socrates a annoncé notamment une baisse de 3 à 10% des salaires de l’administration et des entreprises publiques, un plafonnement des prestations et aides sociales ainsi que l’augmentation de la TVA.
“Nous sommes au bord de l’explosion sociale”, a expliqué un dirigeant syndical de Setubal (sud), rappelant qu'”au Portugal, les fonctionnaires gagnent en moyenne 600 euros par mois et on va leur couper les allocations familiales et augmenter les impôts”.
Signe de la grogne grandissante, plusieurs syndicats de forces de l’ordre participaient pour la première fois à une manifestation intercatégorielle. “Le fait qu’on soit ici montre notre inquiétude, qui va au-delà de nos revendications socio-professionnelles”, a expliqué Paulo Rodrigues, porte-parole de la plateforme syndicale des forces de sécurité.
Plusieurs dirigeants de la gauche non socialiste étaient également présents à la manifestation. Pour le secrétaire général du Parti communiste, Jeronimo de Sousa, “cette manifestation va permettre de resserrer les rangs pour le succès de la grève générale”.
Pour la première fois depuis 1988, les deux principales confédérations syndicales portugaises — la CGTP et l’UGT, historiquement liée aux socialistes– ont appelé ensemble à la grève générale.
Ce mouvement s’annonce massif, à en juger par la participation déjà annoncée des salariés du privé dans des secteurs comme le transport aérien ou la presse, en passant par le secteur pétrolier et, bien sûr, les fonctionnaires.