é de Villemur-sur-Tarn Philippe Bachet rend hommage au combat des ex-salariés de Molex lors d’une messe, le 7 novembre 2010 (Photo : Eric Cabanis) |
[07/11/2010 17:03:40] VILLEMUR-SUR-TARN (Haute-Garonne) (AFP) Le curé de Villemur-sur-Tarn (sud) a pourfendu la “financiarisation” de l’économie qui “démolit” les entreprises, en rendant hommage au combat des ex-salariés de l’usine française du groupe américain Molex venus assister à la messe dominicale.
Une quarantaine d’anciens salariés de l’équipementier automobile, fermée en octobre 2009 après 11 mois de lutte, avaient répondu présents à l’invitation du père Philippe Bachet et se sont mêlés aux fidèles pour assister à la cérémonie religieuse.
Le frère capucin, qui soutient le combat des salariés depuis le début du conflit, entendait, par cette initiative organisée par le mouvement chrétien Action catholique ouvrière, rappeler “la doctrine sociale de l’Eglise qui place l’homme au coeur de l’économie”.
Pour l’occasion, une large banderole masquait presque entièrement l’autel de l’église Saint-Michel de la petite localité de Haute-Garonne. Recouverte des photographies des 283 anciens salariés, elle était barrée de la mention “les Molex vous remercient de votre soutien”.
A gauche de l’autel, les photographies des salariés au travail puis prenant part à différentes actions de protestation défilaient sur un écran.
à Villemur-sur-Tarn, où le curé a rendu hommage au combat des ex-salariés de Molex, le 7 novembre 2010 (Photo : Eric Cabanis) |
“Le traumatisme que vous avez vécu ici à Villemur est le fruit d’un mépris évident de la dignité de la personne humaine”, a lancé le père Bachet dans son homélie.
“Mais le cas de Molex dépasse largement” les 5.500 habitants de la ville, a-t-il poursuivi. “C’est un symbole de la financiarisation du travail qui démolit tant et tant d’entreprises, qui met tant d’hommes et de femmes au chômage, dans une conjoncture économique difficile”.
Devenu le symbole de ces entreprises jugées rentables mais sacrifiées sur décision étrangère au nom de la logique financière, Molex est revenu sur le devant de la scène récemment.
Le tribunal de commerce de Paris a prononcé jeudi la liquidation judiciaire de Molex Automotive SARL, alors que le groupe américain implanté dans l’Illinois vient d’annoncer des bénéfices record et refuse de financer le plan social de son usine française.
és de Molex lors d’une messe qui leur a été dédiée, le 7 novembre 2010 à Villemur-sur-Tarn (Photo : Eric Cabanis) |
“Le sermon était excellent”, a commenté Guy Pavan, ancien délégué CGT de Molex, un des rares syndicalistes présents, venu bien que l’église ne soit “pas (sa) tasse de thé”. “Le père Bachet se bat depuis le début contre cette mondialisation particulièrement inhumaine. C’est le même combat, même si on n’a pas les mêmes opinions religieuses”.
La messe a été également marquée par des prises de paroles d’anciens salariés de Molex mais aussi d’employés de la Mie occitane, un fabriquant local de biscottes et de pâtes qui vient d’échapper à la fermeture grâce à un repreneur espagnol.
Jean Marzorati, un ancien Molex, a ainsi raconté “la résistance pacifique à la volonté patronale de fermeture” d’un groupe de gens “unis au-delà de leurs divergences syndicales, philosophiques et politiques”.
Un autre a appelé les pouvoirs publics “à empêcher les agissements scandaleux des entreprises comme Molex”.
De fait, pour le père Bachet, “ce conflit est exemplaire car l’usine n’était pas déficitaire. Elle a été fermée uniquement pour des raisons financières, c’est-à-dire pour le profit des actionnaires”, a-t-il dit aux journalistes à l’issue de la messe.
Comme on lui demande si l’église doit “pardonner”, le curé souligne que “le pardon n’est pas l’oubli mais la possibilité d’avancer et de marcher autrement. Le pardon, c’est dire, +si vous continuez comme ça, vous risquez bien vous aussi de vous retrouver par terre+”.