à Northbrook, dans l’Illinois, aux Etats-Unis (Photo : Scott Olson) |
[08/11/2010 13:34:59] LONDRES (AFP) Le groupe britannique Rolls-Royce se retrouve sur la sellette après les incidents qui ont frappé certains moteurs équipant des avions de la compagnie australienne Qantas, et qui ont déclenché une sévère dégringolade de son cours de Bourse.
Depuis jeudi, et l’explosion en vol d’un des quatre moteurs Trent 900 équipant un A380 de Qantas, qui a provoqué un atterrissage d’urgence de l’appareil à Singapour sans faire de blessés, le groupe est fortement malmené à la Bourse de Londres.
Son cours a encore perdu jusqu’à 4,7% lundi en début de séance, après avoir déjà chuté de 5% jeudi et de 4,9% vendredi, portant ainsi ses pertes en trois séances à près de 14%.
La valeur boursière du groupe a parallèlement fondu, au plus fort, de 1,7 milliard de livres, soit près de 2 milliards d’euros.
Le groupe réduisait cependant un peu ses pertes lundi à la mi-séance, mais se maintenait en territoire négatif (-0,93%).
L’accident de l’A380, qui a été suivi le lendemain d’une autre avarie sur un moteur Rolls-Royce équipant cette fois un Boeing 747 de Qantas, a été imputé vendredi par la compagnie australienne à un “défaut de conception potentiel” du Trent 900, fleuron des réacteurs issus des chaînes de fabrication du groupe britannique.
à un atterrissage d’urgence à Singapour, le 4 novembre 2010 (Photo : Roslan Rahman) |
Et lundi, Qantas a prolongé le maintien au sol de ses A380, après avoir détecté des “fuites d’huile” sur plusieurs autres moteurs Trent 900 équipant sa flotte.
En revanche, la compagnie rivale Singapore Airlines a affirmé n’avoir détecté aucun problème concernant les moteurs Trent 900 équipant ses propres A380, à l’issue d’une série d’inspection.
En attendant que leur cause soit établie avec certitude, ces incidents ont assombri la réputation du motoriste britannique, déjà écornée cet été par des problèmes concernant le développement du Trent 1000, un prototype de moteur devant équiper le 787, nouveau long-courrier de Boeing. Ces problèmes ont contribué au retard pris par ce programme d’avion majeur.
Qui plus est, la presse britannique a rapporté ce week-end que le groupe rival américain Pratt & Whitney (filiale d’United Technologies) avait attaqué Rolls-Royce en justice pour violation de brevets.
Cependant, les analystes ont relativisé l’importance de ces mauvaises nouvelles pour Rolls-Royce, appelant les investisseurs à faire preuve de sang-froid tant que les causes de l’avarie du Trent 900 n’auront pas été clairement établies.
ès son atterrissage d’urgence à Singapour, le 4 novembre 2010 (Photo : Roslan Rahman) |
Howard Wheeldon, stratégiste chez BGC Partners, a ainsi rappelé la semaine qu’un éventail d’hypothèses devrait être exploré par les enquêteurs, incluant des problèmes éventuels au niveau de l’alimentation du moteur ou un débris qui l’aurait percuté.
Qantas a elle-même cherché à minimiser l’importance de l’incident ayant affecté son Boeing 747. Elle l’a qualifié de “défaillance maîtrisée de moteur”, sans lien avec l’avarie du Trent 900 équipant ses A380. Et elle a assuré dans la foulée que cela ne remettait pas en cause la sécurité de ses autres Boeing.
De plus, même si la responsabilité de ces incidents venait à être imputée entièrement à Rolls-Royce, celui-ci semble avoir les reins suffisamment solides pour en surmonter les conséquences. C’est ce qu’estiment en tous cas les analystes de la banque Morgan Stanley, rappelant que Rolls-Royce, tout comme EADS, la maison-mère d’Airbus, “ont tous deux des bilans très solides, et sont donc en position favorable pour assumer toute responsabilité financière”.